Deux événements à noter dans la vie d'écrivain de Philippe Djian, en ce mois de septembre 2020 : il a quitté Gallimard et publie son premier roman de science-fiction, 2030. Néanmoins, que ses adeptes se rassurent, son dernier livre ressemble beaucoup (trop ?) à ses précédents, avec une famille dysfonctionnelle et des protagonistes qui ont connu des tragédies et souffrent dans leur chair et dans leur âme. Dans 2030, Djian met en place une sorte de théâtre à 6 personnages principaux mais c'est un dénommé Greg qui en est le héros. Il est veuf, proche de sa nièce de 14 ans, militante écolo, et employé de son beau-frère, qui dirige un laboratoire qui commercialise des pesticides. Inutile de préciser que notre homme a du mal à concilier son travail et les préoccupations environnementales dont il commence à s'imprégner. Et comme si cela ne suffisait pas, le voici qui tombe amoureux. Bref, côté style et côté intrigue, c'est du pur Djian, qui se déroule dans une atmosphère torride, vu qu'en 2030, avec un climat totalement déréglé, la planète est devenue brûlante. Sur fond de violences entre les écologistes et leurs opposants, le roman s'attache principalement aux tourments psychologiques d'un Greg de plus en plus écartelé. Outre un hommage non dissimulé à Greta Thunberg, et quelques amusants détails sur le monde tel qu'il pourrait être dans 10 ans, le livre est dans le droit fil des précédents romans de l'auteur, compact et dense à la fois, mais il semble cette fois-ci avoir été écrit assez vite, sans réussir à nous intégrer totalement à son manège infernal. Une impression toute personnelle, cela dit, qui ne sera pas nécessairement validée par les lecteurs fidèles du romancier.