2042 est le premier roman d'Alexia Petrak, nourrie de rêve et d'imaginaire.


L'histoire est intéressante mais aurait dû faire l'objet d'une éventuelle trilogie: 1- 2042 le dernier jour 2- 2042 le nouveau monde / 3- le dernier refuge.
On a l'impression, à la lecture, que trois histoires se sont glissées en une.


Cela vient d'un défaut d'organisation et d'équilibre entre les chapitres. Le premier fait le double du nombre de pages du deuxième, lui-même égal au quatrième qui fait le double du nombre de pages des cinquième et sixième chapitres. Au milieu un chapitre troisième d'une centaine de pages, décourageant, qui y aurait gagné à se scinder en chapitres au lieu de juxtaposer ses parties distinctes à l'aide d'étoiles.
Cela vient aussi d'un narrataire flou. Les deux premiers chapitres traitent de voyage dans le temps, on s'adresse donc à un lecteur de science-fiction à tendance futuriste. Le troisième dépeint les aventures de l'héroïne et ses nouveaux amis dans un monde de clones, de vampires, de dragons, de mutants et de pégases: cette fois-ci, on s'adresse à un lecteur de fantasy. Enfin les derniers chapitres renouent avec le futurisme mais en ajoutant un accent vernien-crichtonien, ajoutant au bestiaire précédent des pieuvres et des lézards géants: on s'adresse donc à un autre type de lecteur de science-fiction. Enfin, comme disséminées dans toute l'intrigue, le fil rouge des amours de l'héroïne, dans un style à la E.L.James, que l'héroïne semble elle-même penser comme incohérent avec sa situation de rescapée.


Cela dit, on a ici les ingrédients de ce qui aurait pu faire une trilogie.
Un message écologique qui justifie le heurt entre futurisme et fantasy, des amours torrides tourmentées par la jalousie, une possibilité de voyage à travers le temps qui aurait pu être plus exploitée et une héroïne au pouvoir d'élue de prophétie qui n'est jamais mise en scène dans ce sens.
Les prénoms des personnages nous laissent imaginer un casting des plus fous pour une adaptation cinématographique: Ingrid (Ingrid Chauvin) découvre qu'elle vient du futur grâce à son ami psy Natacha (Natacha Amal). Cette dernière l'aide à rejoindre ce futur pour qu'elle puisse y retrouver son mari casse-cou et homme d'action, Tom (Tom Cruise).


Il y a donc un potentiel incroyable, un récit qui n'ose pas l'ambition que lui permet ce potentiel.
Le roman est excellent pour qui aime la fantasy. Conçu comme une trilogie, il aurait su toucher les divers lecteurs qu'il vise.


NB: L'avis de Jojo le râleur, linguiste et stylisticien de quinte essence.


L'une des gênes du roman, c'est un récurrent problème de choix des dénominations dans la progression à thème constant: répétitive ( Ingrid ............ . Ingrid .................. . Ingrid ................. .) ou même inversée ( Elle (Ingrid) vit le dragon s'effondrer à quelques mètres d'Ingrid.) .
Autre gêne, les nombreux zeugmes qui laissent planer le doute quant à leur utilisation volontaire et stylistique.
Enfin, certaines incohérences comme: "Malgré les falaises escarpées, un nuage de poussière balaie l'espace, et la visibilité est faible à deux mètres. Comment ce dragon a-t-il pu choir ici?". Gageons qu'il n'y voyait plus rien et qu'il a fait un atterrissage d'urgence ...


Quoi qu'il en soit, rappelons qu'il s'agit d'un premier roman, plutôt réussi. Qui prétendrait juger Jules Verne sur sa Conspiration des poudres, composée à l'âge de 18 ans lorsqu'il pourrait le faire du même Jules Verne sur son Vingt mille lieues sous les mers, écrit à l'âge de 42 ans? Et n'oublions pas que ce même Vingt mille lieues sous les mers fut précédé d'une première tentative intitulée [Voyage sous l'eau].
Le prochain roman d'Alexia Petrak infirmera ces quelques défauts ou les confirmera. D'ici là, restons ouverts d'esprit quant aux premiers ouvrages d'un auteur et soyons plus critique en ce qui concerne ceux d'écrivains plus confirmés un chouya paresseux (cf.http://www.senscritique.com/liste/C_est_une_idee_ou_le_succes_rend_un_rien_feignant/5068 , une excellente liste Sens Critique)

Frenhofer
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le 27 mai 2016

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1

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