Qu'il est dur de mettre un 5 et d'envoyer une claque à ce 2084 que j'aurais tellement voulu aimer. Pardon cher Boualem Sansal de juger si honteusement le livre sur lequel tu as mis ta vie en danger (car oui en 2015, s'attaquer à la radicalisation religieuse et plus particulièrement islamique c'est se mettre malheureusement en danger) pour te dresser courageusement contre l'obscurantisme qui avale chaque jour un peu plus nos sociétés. Moi petit lecteur, qui bouquine bien au chaud dans mon appartement de petit bourgeois et qui n'a pas pris la plume depuis les dissertations du lycée, je vais me permettre de critiquer ton roman.
J'ai vraiment du mal à te le dire, mais j'ai trouvé ton livre un peu fade, ton obsession louable de montrer la bêtise crasse dans son état le plus dur à empêché à mon goût l'émancipation d'un récit fluide, futuriste, prospectif et surtout captivant qui aurait selon moi permis de mieux mettre en lumière ton propos et de lui donner un souffle plus épique, plus puissant. J'aurais voulu qu'il m'insuffle un sentiment de rébellion, de révolte, de courage et d'indignité. Mais malheureusement ton récit est écrasé par la lourdeur d'un univers mal exploité et indigeste. Quand on s'adjuge une référence aussi importe que 1984, il faut aussi accepter une comparaison même inconsciente de la part des lecteurs et là, c'est assez douloureux car ton 2084 n'a pas l'impact qu'il aurait pu avoir et c'est cela le plus dommage.
J'attendais un grand roman de prospection, avec des mise en perspectives, mais je n'y ai trouvé qu'un véritable ennui.
Mais sache que pour ton courage et pour la noblesse de ta démarche, tu as tout mon respect et mon admiration, je n'aurais pas eu le dixième de ton courage si j'avais dû écrire un tel livre dans ta situation. Et encore moins le talent.
En conclusion, une démarche salutaire, nécessaire mais une oeuvre qui passe aux oubliettes chez moi.