Très décevant ! Le roman ne tient pas du tout la comparaison avec 1984. Il ne suffit pas d'écrire une dystopie avec 84 dans le titre pour être le nouvel Orwell.
La première partie est ennuyeuse: de la philosophie vaseuse, accessible mais peu littéraire. Il ne se passe pas grand chose. Le protagoniste se pose des questions à longueur de pages sur l'histoire, la vérité, la liberté, la religion... Où trouver la vérité quand l'histoire est réécrite ? Comment penser librement quand le langage est contrôlé et censuré? etc. L'intérêt de 1984 était que le lecteur était amené à se poser lui-même ces questions en découvrant les aventures du héros et les descriptions du monde de Big Brother. Dans 2084, les descriptions sont accessoires. On a finalement l'impression de lire une mise à jour d'un commentaire de texte sur 1984.
La seconde moitié est meilleure. L'intrigue décolle (pas très haut). Cela devient une sorte de "House of Cards" dans une théocratie autoritaire: des conspirations qui annulent d'autres conspirations. Cette fois au moins, le lecteur est moins pris par la main et il a le droit de se poser des questions tout seul comme un grand sur la vérité, le pouvoir, la démocratie, l'histoire,etc. (de très belles pages sur l'intérêt des musées et de la muséographie).
Littérairement (style, construction narrative, originalité du propos, définition des personnages, etc.) c'est finalement très décevant. Presque inquiétant de voir l'écho de ce roman dans la presse et sur toutes les listes des prix littéraires de cette rentrée. Le succès injustifié (à mes yeux) de ce livre serait donc peut-être plus le révélateur de l'islamophobie larvée des critiques/penseurs français plutôt que que la révélation d'un chef d'oeuvre littéraire (?)