Rarement une oeuvre m'aura permis de mesurer à quel point mes attentes face à la littérature peuvent être éloignées de celles de la majorités de mes contemporains.
2666 m'arrivait recommandé chaudement de toutes parts. Massif, dantesque, du jamais vu. J'ai donc ouvert ce bloc de 1000 pages avec des attentes élevées. Rien ne s'est passé. Quelque part entre le quart et la moitié de cette longue lecture, j'ai appelé un ami qui aime tellement ce livre qu'il s'est fait tatouer le titre sur le mollet. Pour lui faire part de mon incompréhension. J'étais dubitatif. Où allaient ces histoires ? "Sois patient. Leur sens se révélera." J'ai été patient. J'ai lu 2666 en entier. J'ai attendu jusqu'à la dernière phrase que le sens s'en révèle. Rien n'est arrivé.
Le problème majeur de ce roman, c'est qu'il n'en est pas un. Ce n'est guère qu'un recueil de cinq courts romans. Rattachés superficiellement les uns aux autres. Chaque partie peut-être lue de manière autonome et à aucun moment elles ne s'éclairent les unes les autres.
Ces romans sont de qualité assez inégale. La partie des crimes est la plus réussie, avec son audace stylistique et sa noirceur qui prend à la gorge. Celle des critiques présente un intérêt tout relatif. L'ultime chapitre est peut-être le plus décevant, mais c'est parce qu'en arrivant en dernier, il cristallise toutes les attentes.
On pourrait critiquer chaque partie séparément. Et aucune d'elle, sans doute, ne mériterait une note aussi basse que 4. Seulement voilà, présenté comme un tout cohérent, 2666 ne peut être jugé à l'aune de ce qu'il réussit, mais doit être jugé à l'aune ce qu'il n'accomplit pas. A aucun moment, ce récit ne prend l'ampleur de sa taille. Ses enjeux sont réduits, son propos obscur, sa complexité, de façade uniquement. Hors j'estime que quelque chose doit venir justifier le temps passé à cette lecture. J'ai poursuivi pendant 1000 pages la raison d'exister de ce recueil et jamais, je ne suis parvenu à la trouver.