Prolétaires de tous les pays ! Unissez-vous !

Roger Vailland, à l'écriture de 325 000 francs et de l'ensemble du cycle de l'homme nouveau est alors militant du parti communiste français et il s'emploie à rédiger des récits profondément engagés et dont 325 000 francs est un exemple sublime.

Voyez plutôt comme Vailland décrit les difficiles conditions de vie des ouvriers, de la classe prolétarienne.

Voyez comme il présente ce travail d'usine répétitif, abrutissant et même dangereux.

Voyez comment Vailland dépeint la transformation d'une petite bourgade du Jura par l'arrivée de l'usine Plastform qui détourne instantanément vers elle toutes les forces de travail de la ville.

Voyez surtout comment la bourgeoisie de Jules et Paul Morel prend le pouvoir de la ville et comme ceux-ci deviennent partie intégrante de la vie des habitants de la ville, étant même les propriétaires de leurs logements qu'ils ont fait construire et auxquels leur ont donné leur nom; voilà la Cité Morel.

Voyez finalement cette industrie contrôlée par cette bourgeoisie qui assouvit tous les habitants de la ville et dont quelques uns seulement résistent aussi longtemps qu'ils peuvent, à l'instar de Marie-Jeanne sur laquelle l'ombre de Plastform plane.

Mais par dessus tout, voyez l'histoire de cet homme, Bernard Busard, qui se démène individuellement pour son émancipation et pour accéder à ses lendemains qui chantent. Mais Vailland nous montre comme cet individualisme est vain, inutile et inefficace pour s'échapper, s'émanciper de la condition ouvrière soumise à la bourgeoisie dans le cadre de cette perpétuelle lutte des classes.

Ainsi, 325 000 francs semble scander du début à la fin les mots de Karl Marx et de Friedrich Engels : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !". Unissez-vous car c'est seulement le combat commun et non individuel qui passera par la révolution du prolétariat qui permettra l'émancipation de l'ouvrier, du paysan, des prolétaires et qui abolira cette lutte des classes au profit d'une équité parfaite entre les individus.

Vailland nous le dit; seul la mobilisation commune apportera les lendemains qui chantent.

Somme tout, un récit très plaisant, engagé mais surtout intelligent et remarquable dans son engagement politique et dans la manière avec laquelle celui-ci est exploré.

Un ouvrage phare de la littérature française !