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Sergio Alvarez a eu besoin de dix ans pour achever son roman, 35 morts. Un livre total, une somme sur quatre décennies de violence et de survie en Colombie. Le personnage principal, loser patenté, y compris dans ses relations sentimentales tumultueuses et pathétiques, subit les turbulences de l'histoire de son pays. Il est tour à tour communiste, voyou, yogi, marionnettiste, paramilitaire, exilé, ... Adossé au récit central, Sergio Alvarez raconte, en alternance, des dizaines de petites histoires, reliées ou pas à l'intrigue, et qui, par leur caractère choral, expriment toutes les facettes du peuple colombien, laminé par la guerre civile et la corruption, mais toujours debout et vivant. Sexe, drogue et assassinats, le cocktail explose à toutes les pages de 35 morts. Mais en imposant un style picaresque, non dénué d'humour noir, cru, électrique, Sergio Alvarez se hisse bien au-dessus du documentaire et écrit une fiction palpitante qui cavale comme un cheval fou. Tous les chapitres s'ouvrent par un extrait d'une chanson populaire colombienne. C'est que l'on demeure sentimental, malgré tout, même si le sang coule à gros bouillons et si la mort rôde à chaque carrefour, détruisant les vies au hasard, d'un revers de faux. Ce livre dévastateur conte un voyage en enfer mais l'auteur s'attache avant tout à nous faire sentir l'intensité des relations humaines dans ce pandémonium et la moiteur tropicale des étreintes amoureuses. Un roman puissant, dense, sardonique, qui rend hommage au courage et à la capacité de résistance d'une population qui s'entête à ne pas craindre la mort et à vivre la tête haute.

Cinephile-doux
7
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le 13 janv. 2017

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