4.48 Psychose
8.1
4.48 Psychose

livre de Sarah Kane (2000)

Dernière pièce de Sarah Kane, écrite lors d'un séjour dans un établissement psychiatrique (qui se conclut par le suicide de l'auteur à 27 ans), "4.48 Psychose", sous un titre étrange voire énigmatique, est en fait le dernier cri de rage de l'auteur. Vivement critiquée à ses débuts pour des textes d'une rare violence (violence qui cachait pourtant un message), et souvent considérée comme une ado attardée et dépressive en mal de sensation, Sarah Kane est en fait une des dernières auteures à faire bouger le théâtre et à dire quelque chose.

4.48 Psychose est tout sauf une lettre de suicide, si le thème de la mort est omniprésent (comme chez de très nombreux auteurs après tout), ceux de l'amour, le manque d'écoute, le manque de relation humaine, la bêtise de certains médecins, l'identité sexuelle, etc.

En une trentaine de page, l'auteure emblématique du In-Yer-Face Theater (courant ultra radical du théâtre anglais des 90s) livre là un dernier cri de rage contre le monde. Sans véritable personnage, quelques dialogues avec 2 médecins plutôt incompétents (en tout cas limités à leur connaissance du monde par les livres) et divers fragments textuellement déstructurés, Sarah Kane nous livre pourtant la solution pour se libérer de la dépression : elle montre la totale inefficacité de tous les symboles de notre société, ni l'autorité, l'amour (dans un sens idéaliste, voire naïf) ou encore la religion ne servent à rien lorsque l'humain est face à lui-même.

Si de nombreux metteurs-en-scène ont traité ce texte comme une lettre ils sont passés à côté du message final de la pièce, si Sarah Kane (détruite par les médicaments qu'on lui imposait quotidiennement) s'est suicidée, elle nous rappelle que "4.48 Psychose" n'est que du théâtre, et qu'au final nous devons en sortir. Métaphoriquement nous devons sortir de notre état de léthargie dans laquelle le monde nous a plongé depuis quelques années.

Comme de nombreux textes de la même époque ("Shopping & Fucking" de Mark Ravenhill, "Penetrator" d'Anthony Neilson, "Ashes and Sand" de Judy Upton, "Blasted" de la même Sarah Kane,...), "4.48 Psychose" incite le lecteur à s'acharner à vivre, malgré tout, quoiqu'il arrive, quelques soient nos malheurs.
Comme le disent Mauduit et Colin sur France Inter :
SURTOUT, NE LACHEZ RIEN.
Thybalt
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le 30 mars 2012

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