Prétentieux, mégalo, cabotin, caricatural et parfois lourd comme un char d'assaut. La volonté de Beigbeder était sans doute de conter une fable cynique sur la société moderne, et il y a un fond de vérité dans ce qu'il décrit, mais le moins que l'on puisse dire est qu'il ne fait pas dans la subtilité,et se met beaucoup trop en scène à travers son personnage.
Mais au milieu de tous ces défauts, on a quoi?
Une écriture qui, lorsqu'elle laisse tomber ses tics outranciers et ses citations d'Hitler et consorts, devient plutôt habile et agréable. Un héros très con mais attachant, parce qu'étrangement humain. Des personnages secondaires pas plus creusés que ça, mais marrants. Des passages tellement énormes que tu ne peux que t'esclaffer, d'autant qu'on ne sait même pas vraiment si l'auteur se prenait au sérieux quand il les a écrits (ça ferait peur à certains, moi ça me fait marrer). et quelques grosses vérités balancées en pleine figure, qui donnent sérieusement matière à réfléchir. On obtient ainsi un livre qui malgré ses défauts évidents, se lit avec un plaisir certain. Je ne vais pas tarder à recroiser Beigbeder un de ces quatre, je crois.
PS: Par contre, pour ceux qui ont commencé à lire le Hell de Lolita Pille avant d'aller vers celui-ci, vous risqueriez d'avoir une mauvaise surprise: mademoiselle Pille s'est inspirée assez largement (je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle a repompé, mais...) de certains passages de ce livre. On est un peu mal à l'aise en découvrant dans 99 francs une scène de larmes devant un magasin de vêtements pour bébé, qui nous rappelle quelque chose... j'excuse Lolita Pille, dont Hell était le premier roman et qui a plus ou moins su trouver sa patte par la suite. Mais c'est un peu dommage.