L’ouvrage s’ouvre sur une lettre de Saint Paul à Philémon, dont l’auteur déplore qu’elle soit si peu connue, et qu’elle paraisse si peu intéressante à ceux qui la lisent sans l’étudier sérieusement. Mais après cent pages supposément inspirées de cette lettre, j’avoue toujours avoir du mal à comprendre ce qui la rend importante au point d’en tirer le nom du livre. Certes, Saint Paul, qui a recueilli Onésime, l’esclave de Philémon, après qu’il s’est échappé, mentionne quelques idées centrales du catholicisme, notamment celle d’une libération de toutes les anciennes obligations sociales par l’amour du Christ. Mais ces idées y sont à peine esquissées, tant la lettre est courte. Et de fait, l’ouvrage semble assez rapidement, pour développer son propos, cesser de chercher à s’appuyer sur cette lettre éponyme. Au point qu’on ne puisse qu’esquisser un sourire lorsqu’on finit par lire, dans le dernier chapitre, qu’ « avec tout cela, on risquerait presque d’oublier Onésime ».
Quant aux idées que le livre développe, en s’appuyant ou pas sur la lettre, elles n’ont rien de particulièrement original pour quiconque s'intéresse au catholicisme. Les réflexions proposées sur cette libération apportée par le Christ, qui nous aide à dépasser les catégorisations traditionnelles du bien et du mal, et qui nous permet de nous oublier nous-mêmes et de renoncer à cette vaine exigence de perfection terrestre, sont en général du niveau de ce qu’on peut entendre un dimanche dans un bon sermon. C’est au moins une synthèse claire et agréable à lire, qui sera sans doute capable de rafraîchir la mémoire de certains.