Un roman historique passionnant et détonnant

Voilà un roman historique qui nous replonge dans les heures sombres qui ont suivi la chute du catharisme dans le Languedoc après la trop fameuse « Croisade des Albigeois ».

Le thème ? On suit un jeune inquisiteur, Amaury de Villiers qui va voir son intransigeance soumise à rude épreuve à l’issue d’abord d’une confrontation avec les survivants de la religion maudite puis de la rencontre avec une sorcière ou soi-disant-telle, Isaure.

Inquisiteur ? Cathares ? Sorcière ? Mas allez- vous me dire, on connaît déjà cela avec Valéerio Evangelesti et son trop fameux Eymerich. Mais les deux personnages n’ont pas grand-chose à voir. L’action du roman d’Anaïs Guiraud se situe près d’un demi-siècle avant que l’on assiste aux méfaits du héros de Valério Evangelisti.

Enfin nul doute que les deux personnages s’ils exercent les mêmes fonctions, ne se seraient guère apprécié. Si Amaury était tombé dans les pattes d’Eymerich, il aurait très mal fini.

Car et c’est là l’une des principales réussites d’Anaïs Guiraud, le personnage d’Amaury est à cent lieues de l’image habituelle des inquisiteurs : intransigeant mais fasciné par ses adversaires auquel il reconnaît intelligence et conviction (le dialogue avec le « Parfait » cathare est à ce sens, l’un des meilleurs moments du roman), apte à la pitié, tourmenté (je laisse la surprise au lecteur, c’est un homme avant d’être un policier de Dieu. Il emporte la sympathie du lecteur et génère de l’empathie autour de lui. Enfin, il dissimule un secret pas très éventé à la fin du roman (une suite ?).

L’intrigue du livre est très ben ficelée et les deux enquêtes du roman se complètent habilement sans introduire de rupture de ton dans le roman.

Sur le point historique, l’auteure est sans reproche, elle nous plonge dans la France de la fin du règne de Saint-Louis sans nous ennuyer avec force détails de la vie quotidienne (les repas et habitudes alimentaires des nobles et du peuple valent plus qu’un long discours), . L’on se délecte et l’on apprend des choses sur la ville de Coulhens( Corbières) au XIIIème siècle qui apparaît comme une destination pour les vacances françaises. Encore un joli tour de force de l’auteure de donner envie…

Envie d’en savoir plus sur les cathares, l’Inquisition, les Corbières, les paysages. Tout ce que Anaïs Guiraud nous apprend et nous montre.

Les personnages ne tombent pas dans la caricature et sont fort bien dessinés de l’ombrageux seigneur du lieu à l’émouvante sorcière, féministe avant l’heure.

Tout un peuple de paysans, marchands, moines, nobliaux trop orgueilleux, cathares clandestins nous est rendu avec amour par Anaïs Guiraud qui sait créer une empathie pour des personnages que l’on a vraiment peine à quitter ;

En espérant une suite prochaine une aventures d’Amaury, je vous recommande fortement ce livre qui démontre que ^les aventures d’enquêteurs médiévales ne sont pas l’apanage des auteurs étrangers.