L'un des trois premiers recueils, réussi, d'une nouvelle maison de poésie contemporaine.
En ce mois d'octobre 2012, les éditions "Au Sud de nulle part" viennent, courageusement, de se lancer avec pour objet la publication de poésie contemporaine. Un défi très certainement, tant ce domaine peut foisonner, et facilement voir se côtoyer du très intéressant et du beaucoup moins...
Parmi leurs trois premiers livres, on trouve cet "Angkor", de France Bourgeois. En poésie encore moins qu'ailleurs il y a à gloser : les textes proposés, que ce soit sous la forme de poèmes en vers libres d'une page, du long poème en prose "La nuit écarlate", voire des "Lettres à ma fille" qui composent la fin du volume, sont dans l'ensemble conceptuellement ambitieux, et manient une langue évocatrice et fine qui ne peut laisser indifférent.
Très encourageant, donc.
"Ceux qui disent
Que les oiseaux se taisent
Quand les fusils crachent leur venin,
Ceux-là, non, jamais,
Jamais ils n'ont vu
La mort de près
Car j'ai vu
Des hommes tombés
Sans que le printemps
En soit troublé."
"Dans la bouche douce
De nos veines
Le sang âcre
D'un ancêtre
A semé le goût de la tempête
Et passe à Sion
Le goût de la passion !
L'aventure nous entraîne
Sous sa toison rousse.
Le chant du repentir
Sèche sur l'haleine des routes
Et l'agneau des diacres
Promène sa laine
Dans la nuit bleue des soutes."