A la fin du IIè siècle après Jésus-Christ, Tertullien, citoyen romain et chrétien, écrit ce texte pour défendre les chrétiens et la religion chrétienne contre les persécutions et les accusations dont ils sont l'objet (saper l'état romain, faire des orgies incestueuses, manger des enfants, etc...). Il produit alors un texte majeur parmi les ouvrages des pères de l'Eglise qui sera repris et admiré par ses successeurs. C'est un livre impeccablement écrit. Le bon Septimus Florens y déploie toute son immense culture et toutes les ressources que donne une éducation romaine classique. Vu l'aridité du sujet, il est étonnament de constater à quel point le livre est difficile à lâcher. Tertullien se montre piquant et astucieux dans sa démarche rhétorique et démonte avec intelligence la bêtise de ceux qui accusent ses correligionnaires. Cependant, quand il quitte les sphères de la simple défense de sa religion face aux persécutions et cherche à en prouver la valeur, il devient affligeant de mauvaise foi. On retiendra notamment la preuve que les dieux romains ne sont pas pas de véritables divinités, mais des démons, parce qu'ils fuiraient les chrétiens, preuve que l'athée contemporains ou tout simplement le non-chrétien ne peut qu'accueillir avec un haussement de sourcil sincèrement sceptique et qui ne saurait s'appuyer que sur des témoins que l'on pourrait soupçonner de parti pris. On notera aussi l'affirmation selon laquelle le monde antique subit moins de désastres maintenant qu'il y a des chrétiens qu'à l'époque où le paganisme régnait en maître. Vraiment ? Evidemment, ce n'est pas pour cela que le lecteur contemporain ouvre le livre, mais cela gêne aux entournures. Ouvrage réservé aux amateurs de beau style classique et aux curieux.