La peur et l'art, en cinquante pages
La collection "Borderline" des éditions du Murmure est une belle collection d'essais brefs sur des sujets qui relèvent de la culture populaire ou des franges de la culture savante. Ce sont des essais brefs et enlevés. Ce deux caractéristiques doivent être mentionnées, car elles permettent de mieux voir les faiblesses et les forces communes à tous les titres de cette collection.
Ainsi, dans 'Art is Fear', l'auteure se propose d'étudier les liens entre l'art et la peur. Le peu de pages qui lui sont accordées interdit d'épuiser le sujet. En conséquence, la stratégie qui se dégage de ce petit volume relève du plaisir liminaire: le lecteur goûtera à tout, rapidement, sautant avec l'auteur d'une idée à l'autre, d'un art à un autre, d'un type de relation à un autre.
Cette vivacité du style est particulièrement appréciable et stimulante, et donne envie de se plonger dans la brève bibliographie fournie en fin d'ouvrage. Sa contrepartie douloureuse est une impression de déploiement rhapsodique du propos: angoisse, peur, frayeur, horreur, sont insuffisamment discernés.
Un autre regret tient au corpus théorique (Kristeva, Rosset...) qui fait l'impasse sur l'existence d'un débat depuis les années 70, chez les philosophes américains, sur cette question, un débat revenant aux deux sources philosophiques de cette discussion: Aristote (cité ici) et Hume (absent ici).
Mais ces deux petits bémols ne doivent pas masquer le plaisir de lecture que ce bref essai procure - et le désir qu'il transmet, d'en savoir davantage.
En un sens, ce volume, au sein de cette collection, souffre de la comparaison avec "Real Niggaz" de Samuel Archibald, qui est très réussi - mais a cet avantage de porter sur un sujet plus restreint.