« Quoi ? » « Y’a quoi ici, à Stalingrad, en guise de petit-déjeuner ? Du marc de café mélangé à de la bouillasse ? Des fibres d’amiante, de la poussière de silice et des rognures d’acier, avec une bonne saucisse/chorizo de sang ? » « Ecoute, Zenzontli, oublie le petit déj. T’es un membre du parti, un guerrier Aztek confirmé (mais il y a des rumeurs d’infiltration japonaise quelque part dans ta généalogie, ca me regarde pas, je m’en fous, tant que tu poses pas tes fesses près de moi aux réceptions officielles ou dans les endroits publics où on risque de nous voir ensemble), tout ce que je veux dire, c’est que t’es un brave type. Au fond. Fondamentalement t’es un mec sympa, c’est sans doute pas de ta faute si le gars qu’a distribué les cartes a oublié de te refiler quelques atouts, peut-être que t’as pas eu de bol, voilà tout. »
Zenzontli, gardien de la maison obscure des Aztex, est un guerrier sauvage. A la tête de son unité Jaguar, il va participer à la bataille de Stalingrad aux cotés des forces anarkosyndicalistes russes de Makhno contre les nazis.
Dans un univers parallèle, Zenzontli, gardien de la maison obscure des Aztex, est fier de faire partie du plus grand peuple du monde et de l’Ordre Socialiste International. Certes, ses domestiques se font parfois abattre lors de querelle interne au parti et il risque de finir dans un sacrifice humain, mais c’est pour la gloire de la civilisation Aztek.
Zenzontli, gardien de la maison obscure des Aztex, dans un troisième monde, travaille dans un abattoir de porcs en Kalifornie. A moins que... A moins que ce ne soit qu’un pauvre mexicain clandestin, exploité par un chef d’équipe tyrannique, ignoré par ses enfants, et dont le cerveau s’invente des vies parallèles délirantes, où l’empire aztèque domine le monde et où il joue un grand rôle.
Première parution française de Sesshu Foster, poète et professeur de littérature, Atomik Aztek est son seul roman. Le récit est à l’image de son personnage principal : totalement foutraque. Passer à la ligne pour les dialogues, séparer le texte en paragraphe ou indiquer les changements de narrateurs n’ont pas cours ici, ce qui réjouira les lecteurs aventureux et rebutera les autres. De même pour une quelconque cohérence : on peut échapper à un sacrifice humain en décidant qu’il n’a pas eu lieu, aligner les anachronismes, qu’importe, le romancier n’est pas concerné par la suspension d’incrédulité. Au contraire, plus les aventures de Zenzontli sont délirantes, et plus ça marche, comme cette incroyable bataille en haut d’une pyramide. Ajoutons qu’on tombe au fil de la lecture sur plusieurs passages à l’écriture particulièrement belle et forte et on comprendra qu’Atomik Aztek est un ovni à ne pas manquer, pour peu qu’on ne soit pas frileux.