Marx reboot

À défaut de vivre dans une société communiste, je l’ai étudiée quatre ans. Ma faculté d’économie était, selon les matières, marxiste, postmarxiste ou néomarxiste. Les plus libéraux s’affichaient post-keynésiens. En long et en large, nous étudions la Nouvelle Économie Politique, Gramsci et l’autogestion yougoslave. Autant vous dire que j’étais parfaitement préparé à mon premier poste dans le système bancaire, j’ai tenu quatre mois.

J’ai lu avec d’autant plus de plaisir l’ouvrage de Benoît Borrits. La première moitié est un brillant exposé sur les difficultés qu’ont connues les différents partis communistes du XXe siècle dans l’application du programme marxiste. Que faire après le Grand soir ?
• Nationaliser : oui mais après ? Troquer la propriété privée par une propriété étatique se révéla être un simple transfert de propriété, des capitalistes à l’État, suscitant l’émergence d’une nouvelle classe de privilégiés.
• Coopérer : certes, mais la coopérative yougoslave favorisa les coopérateurs, ouvriers ou usagers, aux dépens de tous les autres, favorisant une montée des nationalismes.

Que faire ? Faire autrement en supprimant la notion même de propriété, individuelle ou collective, au profit d’un bien commun.

Comment ? Dans une seconde partie, l’auteur propose de jouer sur divers leviers.
• Développer les coopératives associant usagers et ouvriers pour susciter une planification par le bas. Aux consommateurs de faire remonter leurs besoins.
• Socialiser les revenus en alourdissant les cotisations sociales, puis, instituer un revenu social, plus ou moins universel.
• Financer les actifs par l’emprunt.
• Augmenter les salaires, pour réduire les bénéfices et donc la valeur des entreprises privées.

Utopique, probablement, mais stimulant intellectuellement.