Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps

Passionnant.


Au delà de la réalité historique que l'on connait, Laurence Rees se penche sur les cotés moins connus et sur les impressionnant détails des camps de la mort et en particulier sur Auschwitz. Apogée de l'horreur et jusqu’à aujourd'hui, impossible a imaginer, le site qui a exterminé 1 100 000 personnes , dont un million de juifs, n'a pas toujours été destiné a cette fonction. C'est étape par étape, que l'on découvre l'escalade qui a mené les nazis a ce funeste projet, mais surtout l'Histoire humaine dans son ensemble qui par des siècles de haine et déshumanisation, l'a autorisé.


Enrichi par une abondance de rares témoignages (Rescapés et nazis), le livre aborde tous les aspects de la solution finale en remettant constamment en perspective les réalités (et mythes) que l'on pensait connaitre sur le sujet. L'auteur fait également l'effort historique de démontrer point par point les incohérences des négationnistes dont Auschwitz est le sujet favori de par sa complexité historique.
Nombreux sont les ouvrages sur le sujet mais je retiens quelque chose de particulier dans cette approche: l'effort constant qu'a l'auteur de toujours chercher a comprendre comment le IIIe Reich en tant qu’institution et les nazis en tant qu'individus ont pu en arriver a un degré de haine tel que la mort des juifs de façon artisanale ne suffissent plus - il a fallu qu'elle passe au stade industriel.


La terrible expression de Nietzsche "Le diable est dans les détails" n'aura jamais été autant a propos que dans cette terrible page indélébile de l' Histoire ou chaque étape a été minutieusement optimisée pour atteindre l’apogée de l’efficacité funeste: la capacité de tuer et d’éradiquer jusqu'au corps de dizaines de milliers de personnes par jour.
On trouve également d'autres faits moins connus qui nous forcent a redéfinir les notions de bien et de mal malgré nous : le sort de ceux libérés par l’armée soviétiques qui n'a pas toujours été le mythe libérateur qu'on imagine, un capitaine SS qui s’éprend du jeune juive et tente de la sauver au péril de sa vie, la non implication des alliés dans cette entreprise malgré les preuves qui s'accumulaient, l’héroïsme impressionnant d'une nation entière, le Danemark (dont les ressortissants ont été jusqu’à payer le loyer de leur voisin juifs en attendant leur retour) ou a l'oppose, les pogroms et agressions qui attendaient les juifs survivants de Pologne.


Je tremble encore en pensant aux nombres impressionnant de personnes impliquées dans l'extermination qui n'ont pas été condamnés ni même jugés pour leurs actes, l’écrasante majorité n’éprouvant même pas de remords.


Je retiens énormément de noirceur et peu d'espoir pour l’âme humaine capable apparemment du pire, lorsqu'elle est manipulée et confrontée aux mauvaises situations.


Et bien sur, cette obsédante question : et moi , comment aurai- je réagi?


https://www.youtube.com/watch?v=vbb8ma1Zupg

NoaLevy
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le 18 août 2020

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Noa Levy

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