J'hésite entre 8 et 9 pour cette dernière incursion dans la forêt de Rhyope. C'est certainement le volet le moins tortueux, le moins étrange de la série. Et donc aussi le plus facile à lire. Il doit être possible de le lire seul mais, sans avoir lu les actes précédents, il perdrait énormément en saveur et en profondeur.
LA CROISÉE DES CHEMINS
On s'y rencontre, on s'y sépare.
On y joue à l'amour dans le brouillard
On tourne et on tourne au hasard
Puis on s'arrête et on réfléchit.
On choisit la route de sa vie.
On s'y développe, on y grandit.
Les désirs s'y affirment enfin
Jusqu'au prochain embranchement
De la croisée des chemins
On retrouve Stephen et Guiwenneth à travers les yeux d'Yssobel et Jack, leurs enfants mi-vert, mi-rouge. Ce livre est sans doute le moins étrange en ce sens qu'il se concentre sur la famille Huxley et sur les parties de Rhyope créées par Jack et Yssobel pour arriver à leurs fins. Jack le rouge va tenter de remonter à ses origines paternelles et essayer de sortir via le manoir d'Oak Lodge alors qu'Yssobel la verte va, elle, tenter de retourner à la source des maux maternels en tentant d'entrer dans sa propre Lavondyss: Avilion. Les référents vont donc être plus humains tout en étant inspirés de légendes et de mythes chers Robert Holdstock. On retrouve ainsi des versions du Roi Arthur, de la Morrigane ou de Ulysse pour citer les personnages les plus présents et puis Légion aussi, une armée de morts traversant les âges et les lieues à l'appel de belligérants aux abois. Donc une quadrillage plus humain (fut-il peuplé de mythagos) et moins de trucs primordiaux sortis de la nuit des âges et du fin fond de la forêt.
Arrête de rêvasser, Guiwenneth ! Pourquoi es-tu partie ? Dis-moi la vérité.
– Je suis partie parce que je suis morte !
– Tu m'as l'air bien vivante, pourtant, rétorqua froidement la jeune fille. Sors de ce lac Maman. Il se passe quelque chose et je n'aime pas ça. "
Une autre forêt jaillit de terre, une forêt uniquement composée d'ifs. Les enfants s'enfuirent en hurlant, les chevaux paniquèrent , le monde prit une teinte vert foncé, le lac s'assécha et la forêt d'ifs absorba Légion...
C'est profond et ça remue les entrailles par ce jeu puissant de résonances propre à Holdstock; résonances entre l'histoire narrée, les clés symboliques (et psychologiques) misent en branle et puis les tissus de légendes rapportés. C'est sombre et cruel et les moments de joies y sont rares et chers, chéris des vies entières pourvu qu'ils n'aient pas été oubliés...
Elle ne se sentait jamais seule. La nostalgie du passé ou des amours perdues, elle laissait ça à d'autres. La vallée soufflait à travers elle, et ses brises changeantes la nourrissaient bien assez. Et avec le vent venaient les souvenirs et la joie. Il n'y avait aucune tristesse en Yssobel.
PS: A propos de Légion, j'ai repensé, lors de la lecture, à l'armée furieuse de Vargas avec la fameuse Mesnie Hellequin.