Le cycle s'épuise d'un coup.
Holdstock se livre à une ultime incursion dans la forêt de Rhyopes et en cela on lui sait gré tant les mythagos offrent de possibilités, d'autant que l'auteur avait su varier à chaque tome son angle d'attaque : mystère, mysticisme ou aventure, il y avait assez de renouvellement pour ne pas lasser. Ici, on est dans l'exploitation d'un univers avec la volonté de lui donner une fin, non dans l'histoire mais dans le ton, solennel, sorte de retour à l'humain terne et prévisible plutôt qu'aux fantômes aux rites inexplicables mais si bien décrits qu'ils semblaient couler de source et passionnaient.
Il y a bien le passage sur Arthur pour nous rappeler la force de Holdstock à donner corps aux légendes, décrivant un monde incompréhensible et pourtant familier, comme si résonnaient en nous les souvenirs enfouis de l'humanité, à l'instar de ce que crée la forêt.
Le reste est assez convenu. Le roman se lit facilement, sans coup d'éclat, sans lacunes non plus. On ressent par-dessus tout la volonté de son auteur à clore un univers au point de le reléguer lui aussi au rang de légende. Choix intéressant mais exploité de manière inégale.
Cette perte de saveur n'enlève toutefois rien au statut d’œuvre majeure auquel doit légitimement prétendre le cycle des Mythagos.