Balafrée
6.6
Balafrée

livre de Michel Robert ()

J'ai lu Balafrée parce qu'il était offert pour l'achat de 2 livres Pocket. Et comme les deux autres étaient cachés dans des cartons et que celui-ci était facilement accessible, je l'ai ouvert. Il faut bien avouer que ce n'est pas la meilleure des raisons pour commencer un livre. Bref, je vous raconte ça pour vous dire que je ne m'attendais à rien de bien folichon en démarrant la lecture du livre de Michel Robert.


J'ai rapidement pu conclure, après quelques dizaines de pages, que la méfiance dont j'avais fait preuve s'est révélée justifiée. L'univers n'a pas vraiment de logique ni de vraisemblance et, si l'on nous abreuve d'un nombre impressionnant de mots-avec-des-majuscules et d'éléments tirés de l'imaginaire d'un MMO de Blizzard, rien n'est vraiment fouillé ni expliqué. Nous sommes face à ce que j'appellerais de la fantasy bas-de-gamme.
Dans ce monde où l'on suit une jeune femme en quête de vengeance, deux puissances se font la guerre depuis de nombreuses années : les humains et leurs alliés face aux guerriers des clans qui se sont tous unis pour lutter ensemble. Les humains jouent ici les méchants. Mais quand je dis méchant, c'est vraiment des pas gentils du tout. Ils sont cruels, racistes, esclavagistes, ils pactisent avec les démons et veulent détruire tout ce qui n'est pas humain. Quant aux clans qui semblent être bien plus raisonnés. Ils forment une nation qui semble fonctionner alors qu'elle est constituée d'une alliance de 6 ou 7 races différentes.


C'est donc un univers très simpliste et sans nuance qui est dépeint tout au long de ce livre. L'auteur a créé un monde de fantasy fourre-tout reprenant tous les codes trop classiques du genre. On va voir se mélanger dans un joyeux bordel du classico-classique au plus innovant tels que des orques (gros costauds guerriers appelés ici orckaïs), des elfes (aux longs cheveux, gracieux et organisés), des dragons, des centaures et d'autres peuplades plus originales, mais aussi de la magie en tous genres (émettant plein de couleurs pour que ce soit plus classe) de la téléportation, des portails vers le monde des démons...


La magie répond aussi à la même logique, ou plutôt à l'absence de logique, que l'univers. L'auteur nous parle d'une foultitude de sortilèges différents, sans que rien ne soit expliqué. Mais le principal problème de la magie, c'est son côté jeu vidéo. Chaque sort émet toutes sortes de couleurs (chose qui me paraît tout sauf vraisemblable), comme s'il fallait les rendre classes à l'écran. De plus, les rares sorts qui sont décrits sont utilisés comme une compétence dans un MMO. On nous parle, par exemple, d'un sort qui fait effet pendant exactement 6 secondes, et qui nécessite d'attendre 1h pour le relancer par la suite. Ce genre de logique répond aux besoins d'un gameplay dans un jeu, mais n'a pas grand chose à faire dans un livre. De même, la plupart des personnages possèdent un genre de compétence spéciale qu'il active en combattant : celui-ci devient berserker et luit d'une lumière rougeâtre (des couleurs, je vous l'avais dit) ou celui-là devient d'une rapidité extrême et émet une lueur argentée (tiens...).


Mais tous ces défauts en font-ils forcément un mauvais livre ? Comme ça, à froid, j'aurais eu tendance à répondre oui, sans hésiter. Mais il se trouve que non, et j'en ai été le premier surpris.
Car voyez-vous, au fur et à mesure des pages, je me suis attaché aux personnages, je me suis attaché - aussi incroyable que cela puisse paraître - à cet univers simpliste et manichéen. En réalité, j'aurais bien du mal à expliquer précisément pourquoi, mais ça marche, la sauce prend et on se surprend au ne plus avoir envie de s'arrêter de lire. Malgré tous les défauts cités plus haut, Balafrée m'a plu. C'est une lecture facile, rapide et agréable, et de temps en temps ça fait du bien de ne pas s'enfoncer dans les détails, les problèmes et les complications politico-magico-sociales des univers de fantasy.


Balafrée est un livre qui a beaucoup de défauts. Ce n'est pas de la bonne fantasy, ce n'est en rien innovant, c'est simpliste et sans nuance. Mais malgré cela, c'est une lecture agréable et facile, comme un bon roman de gare qu'on appréciera beaucoup pendant la lecture, puis qu'on oubliera après.

roifingolfin
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le 15 nov. 2017

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