Belém
7.1
Belém

livre de Edyr Augusto ()

Bien sûr on est toujours curieux de découvrir un nouvel auteur. Un nouvel auteur de polars qui plus est. Et un nouvel auteur de polar qui vient d'un pays que l'on connait si peu : le Brésil !
Alors évidemment on s'est jeté sur Edyr Augusto et son Belém, dont plusieurs disaient beaucoup de bien.
Aïe ! Douche froide dès les premières pages. Une écriture nerveuse, sèche, faite de courtes phrases. Une violence crue. Tout cela n'est guère confortable, on s'apprête à refermer l'extrait.
Et puis soudain, au détour d'un chapitre, le premier portrait.
Un personnage secondaire. Edyr Augusto nous balance toute une vie à la figure, depuis l'enfance jusqu'à ce jour. Purée, ce gars-là sait écrire. En quelques pages tout un personnage surgit devant nous, toute sa vie. Souvent pas bien gaies les vies dans cet état du nord du Brésil, près du Suriname, là où l'Amazone forme son delta : c'est le Pará. Une région où l'on rêve beaucoup, où l'on frime un max et où l'on déchante forcément encore plus.
Alors on est accroché, hameçonné comme dans la pêche au large et on continue de lire. Et on ne sera pas déçu : les portraits vont s'enchaîner tout au long de ce roman, Edyr Augusto excelle dans cet art et toutes sortes de personnages, plus ou moins importants, plus ou moins sympas, plus ou moins ragoûtants vont défiler devant nous comme on défile dans les écoles de samba. Quasi nu.
Peu à peu on s'habitue à cette écriture sèche et nerveuse, à cette violence qui semble imprégner et le Pará et le bouquin. On finit même par se prendre de curiosité pour cette drôle de faune qui nous est montrée : la 'haute' société de Belém, façon jet set, coiffeur gay, starlette cocaïnée, caïd gonflé, ...
On n'aura guère le temps de faire la connaissance de Johnny le coiffeur : c'est son cadavre qui fait l'ouverture. Overdose ? Sûrement docteur, mais de quoi exactement ? Au fil de l'enquête on découvrira qu'il y a gay et gay et que ces gays-là ne sont pas toujours aussi sympas qu'on le croit.
Car oui, il y a enquête. C'est Gilberto Castro, Gil pour les intimes, qui s'y colle.
On glose souvent sur la kyrielle de flics imbibés d'alcool qui peuplent nos étagères de polars.
Mais alors là, respect ! Gil mène le défilé et on a visiblement eu la chance de le choper entre deux cures de désintoxication.
On a donc là un bouquin très inconfortable : une région totalement méconnue et pas très attirante, une écriture qui tient plus du kick-boxing que du coocooning, une micro-société complètement surfaite, un flic totalement désespérant, du sexe en tous genres, de la corruption, des trafics en tous genres (j'ai bien dit en tous genres) et de la violence. Beaucoup de violence. Froide, dure. Celle qui ne cherche pas à faire peur mais qui fait mal.
Et finalement on remercie Edyr Augusto de nous secouer un peu le fauteuil et les neurones. On lui sait grâce de revivifier le genre.
D'ailleurs, jusqu'à la toute fin, jusque dans les dernières pages, il ne faillira pas : on ne vous en dit pas plus évidemment, mais sachez que le dénouement est à la hauteur de tout le bouquin. Inhabituel.
Amateurs de polars, précipitez-vous sur celui-ci. Après la vague nordique, ce vent qui souffle sur les plages amazoniennes, ça décoiffe !
Un coup de coeur qui frise la crise cardiaque : comme celle qui commence le bouquin et termine la carrière de Johnny, le coiffeur au nez poudré, le gay pas très gai. Johnny be bad.
BMR
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le 6 mars 2015

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BMR

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