A une époque, elle n'avait encore écrit qu'un livre ou deux, Anna Gavalda rédigeait une chronique régulière dans Le journal du dimanche. Elle y racontait avec une certaine insolence et une bonne acuité visuelle ce qu'était la vie d'une jeune parisienne BCBG. C'était futile, rigolo et acidulé. Sympathique, pour tout dire, cette Anna Gavalda qui ne se prenait pas au sérieux. Avec Ensemble c'est tout, elle a, semble t-il, atteint le niveau le plus haut auquel elle puisse prétendre avec des thèmes qui lui tenaient à coeur et des personnages fracassés qu'elles faisaient remonter du fin fond de la piscine, façon de parler. Billie lui ressemble pas mal, sur le fond, en tous cas. Son héroïne vient du quart monde, son meilleur copain, à la vie à la mort, a des penchants sexuels qui défrisent son entourage. Des êtres en souffrance qui vont bien finir par s'en sortir, on lui fait confiance pour ça à la Gavalda. Déjà que le sujet sent le réchauffé au micro-ondes, ça n'incitait pas à l'indulgence. Mais le pire c'est que la romancière a voulu se glisser dans la peau de Billie, une caillera qui va passer par toutes les humiliations et expérimenter le sordide de la vie avant, bingo, de se reprendre en main et de sauver son grand ami par la même occasion. Alors voilà, le style oral et les grossièretés à tire-larigot, ça va bien dix pages mais c'est désespérant à la longue. La vulgarité n'est pas excusable. Pas plus que l'idée pêchée chez Kechiche que la rédemption et l'illumination passent par la découverte du théâtre classique, ici celui de Musset. On ne badine pas avec la littérature, madame Gavalda. Billie, c'est du travail bâclé, un recyclage éhonté et rudimentaire de vos livres précédents et par la même occasion une claque dans la face des lecteurs qui ont goûté, peu ou prou, vos autres ouvrages et qui vous aiment bien, malgré tout. On va dire que c'est une grosse faute de goût et oublier vite fait cette ânerie (référence pas très fine à la couverture du livre).