Les livres dérivés de jeux vidéo sont généralement des sous-produits à peine lisibles écrits par des auteurs habitués aux commandes (quand vous n'êtes pas un habitué des best-sellers, il faut bien trouver de quoi payer le loyer), dont on peine à voir l'intérêt hormis remplir les poches de l'éditeur.
Si John Shirley est un habitué de la novélisation (Constantine, Alien, Predator, Borderlands, Batman...), Bioshock : Rapture se montre contre toute attente une bonne surprise, bien qu'il n'ait pas le moindre intérêt en tant qu'ouvrage indépendant : il n'y a pas de réelle intrigue, la plupart des personnages manquent cruellement d'épaisseur et l'environnement y est très peu décrit. Bref, on part du principe que vous avez joué au(x) jeu(x).
Car c'est bien en tant que complément de la série-mère que le livre se montre réussi. Reprenant le principe des enregistrements audio, chaque chapitre est divisé en petites scènettes où apparaissent les personnages emblématique de Rapture, les protagonistes qu'on ne connaissait que via les enregistrements et quelques seconds couteaux qui étoffent le tout. Le passé de Rapture et de ses habitants se déroule ainsi par petites touches, du stade de projet fou à sa décadence annoncée.
Tout n'est pas parfait : la justification des enregistrements est moyennement crédible (d'autant que l'auteur s'en sert un peu trop sur la fin), la chute est un peu précipitée et certains personnages sont trop caricaturés (Sander Cohen est un cliché ambulant), mais l'ambiance générale l'emporte largement sur le reste. De 45 à 59, Rapture nous renvoie le sentiment d'une utopie vouée à l'échec dès le départ, rêve démesuré d'un homme dont la vision est peu à peu minée par ses propres contradictions. Une seule envie une fois le livre refermé : retourner à Rapture.
Je ne peux pas commenter la traduction (lu en VO), mais la version de Bragelonne feuilletée en magasin est splendide avec : couverture en relief et pages aux tranches dorées. Une bonne idée de cadeau pour un fan de la série, qui pour une fois ne se tapera pas une daube indigeste.