Un point de départ intriguant qui tombe à l'eau au bout de quelques pages : on comprend vite que l'amnésie des trois personnages principaux n'est que le reflet d'une feuille de personnage vierge.
L'ensemble du roman se base sur une campagne de JDR et ça crève malheureusement les yeux : l'univers est pauvre (le royaume où se déroule l'action est à peine décrit, on a droit à une mention de l'Orient par-ci par-là pour bien montrer que le monde est vaste), très classique (médiéval avec une pointe de fantasy due aux mages) et finalement jamais réellement décrit au-delà du champ de perception des héros.
Tout reste en effet à échelle humaine (arriver dans un village est un évènement) et on se contente de suivre les pérégrinations des héros au jour le jour sans que l'histoire ne décolle jamais vraiment. Aussi paumés que le lecteur, les héros sont des archétypes qui ne manqueront pas de vous rappeler des figures bien connues du genre : le costaud au grand coeur, le petit aussi doué avec un couteau qu'avec sa langue et l'épéiste charmeur manquent cruellement de profondeur, la faute à une description trop rare de leurs sentiments et à un manque flagrant d'introspection.
Alors que se passe-t-il durant ces 250 pages ? On met en scène de puissants poursuivants aidés par des forces obscures qui sont pourtant infoutues de trouver trois fugitifs qui passent leur temps dans un "vis ma vie d'amnésique poursuivi sans le sou". Ils partent un coup à droite, un coup à gauche, essaient de se faire un peu d'argent, bénéficient d'un coup de chance qui leur permet d'en apprendre un peu plus sur leur identité, etc. jusqu'à une brève course-poursuite qui conclut l'ouvrage.
On se lasse vite de ce qui devait être une campagne sympathique à jouer face au manque d'enjeu et de rythme. Reste que c'est écrit correctement et que l'humour est bien dosé et efficace. De là à récolter des louanges sur la toile et un prix aux Imaginales 2013 aux côtés de Brandon Sanderson et Patrick Ness...