Voici un magnifique ouvrage (de plus) sur le black metal. Son auteur est Dayal Patterson, journaliste et photographe ayant écrit notamment pour les magazines Metal Hammer, Record Collector et Terrorizer.
L’ouvrage de presque cinq cents pages, disponibles uniquement en anglais à l’heure actuelle si je ne m’abuse, retrace l’histoire du black metal de ses origines à nos jours d’une manière que je qualifierais d’encyclopédique.
En effet, l’auteur consacre des chapitres entiers, plus ou moins longs, à certains groupes : les formations de la dite première vague (Venom, Bathory, Hellhammer/Celtic Frost) ainsi que les géniteurs de l’extrême (Slayer, Sodom et consorts mis dans un « paquet » black/thrash), puis la seconde vague notamment norvégienne avec quatre chapitres consacrés à Mayhem.
Tout ça, c’est assez prévisible au vu du titre du bouquin ; la bonne surprise, c’est que l’auteur parle aussi de groupes moins souvent mentionnés, mais tout aussi influents et aux historiques presque aussi palpitants : Blasphemy, Thorns, Samael, Tormentor, Master’s Hammer, Graveland, Sigh entre autres.
Et il ne fait pas que déballer des informations sur les groupes, car il y a quelques chapitres plus thématiques et analytiques : l’éthique « underground », le black metal « de masse », un chapitre entier sur les fameuses Légions Noires, le black metal et la politique (la scène NSBM), les courants avant-gardiste et leurs perspectives.
Les différents témoignages des artistes sur ces sujets montre qu’ils sont loin d’être bornés et tout à fait capables d’autocritique. Il y a de quoi être ému lorsqu’on lit certains passages ; je pense en particulier à certaines phrases dites par Tom Gabriel Fischer (Hellhammer/Celtic Frost/Triptykon) avec beaucoup d’humilité, de clairvoyance et parfois d’émotion.
Ce livre est vraiment passionnant, très bien écrit, cohérent et logique, truffé d’anecdotes, d’interviews des artistes ; l’auteur s’est vraiment décarcassé pour livrer le travail le plus complet possible, et c’est à mon avis à la hauteur de l’ambition du titre.
Dayal Patterson a énormément profité de son expérience de journaliste et a inséré à plusieurs reprises des extraits d’interviews anciennes au milieu des plus récentes spécialement faites pour le livre. Il y a bien entendu de nombreuses photos, en noir et blanc et en couleur.
Personnellement, j’aurais aimé lire quelque chose sur l’unblack (le frère ennemi du black), ne serait-ce qu’un petit chapitre. Mais c’est le seul bémol que j’aie trouvé.
Kristoffer "Garm" Rygg (Ulver) n’hésite à qualifier ce travail de « definitive encyclopedia on Black Metal », c’est vous dire la portée qu’il peut avoir. A mes yeux, il s’agit ni plus ni moins d’une véritable référence en la matière, traitant avec intelligence et un sens aigu de la synthèse et de l’analyse d’un des genres les plus versatiles et controversés qui soit.
Retrouvez cette chronique sur le webzine auxportesdumetal.com