On a tous des choses qui suffisent à nous attirer dans une œuvre. Moi par exemple, dès que le résumé d’un livre parle d’un manoir gothique, perdu au milieu de nulle part et recelant de sombre secrets, je n’hésite pas longtemps.
C’est ce qui s’est passé avec Blackwood, le pensionnat de nulle part, et j’admets rester sur ma faim.


Je précise tout de suite que j’ai lu la version remaniée de 2011. Oui parce que Lois Duncan a eu l’idée brillante (sarcasme) de « moderniser » son roman de 1974, à la sauces des années 2010. Le problème c’est que d’un coté on nous parle de téléphone portables et d’internet, de l’autre on a des adolescents en plein flirt qui se vouvoie poliment. Mais en plus de créer une dissonance, ce choix ringardise le roman. Car s’il pouvait paraître original dans les années 70, dans les années 2010, il fait surtout cliché et déjà-vu.


Bon, mais au déjà de ces considérations, que vaut le livre en lui-même ?
J'évacue tout de suite le problème de la fin, si abrupte que j'ai réellement crue qu'il manquait des pages au livre. Pour le reste, sans hésitation, l'histoire en elle même est le point le plus réussi. Pas qu'elle soit extraordinaire ou révolutionnaire, mais elle fonctionne bien, et son principe de base, que ne divulgacherai pas ici, est correct. En soit ça reste simple, mais d'un point de vue scénaristique on a pas de sentiment de potentiel gâché, ce qui mérite d'être souligné.


Le problème va venir de deux autres points : les personnages et le style. Pour les personnages ça va aller très vite. Il y a déjà "l'héroïne", Kit, l'adolescente un peu rebelle en conflit avec son beau-père, qui se retrouve contre son gré en pension. Bon attention, dis comme ça on a l'impression que le personnage a eu une personnalité. En réalité elle se contente principalement de subir les évènements, son coté rebelle ne ressortant qu'oralement, et qui n'agit qu'au bout de plusieurs semaines de phénomènes mystérieux et après qu'on lui ai explicitement dit qu'elle est captive. Et encore, agir ça consiste surtout à encourager le beau mec du coin à faire quelque chose pour l'aider. Il y a ensuite les autres élèves, au nombre de trois. Là ça va aller vite : il y a la rousse timide, la blonde belle mais stupide et la brune moche mais intelligente. Honnêtement il n'y a rien de plus à dire. Enfin question personnages il y a le personnel du pensionnat, la directrice (qui aurait eu le potentiel d'être un vrai bon personnage si elle avait été un peu exploité), son fils (qui sert surtout à être un beau gosse) et un professeur à l'inutilité stratosphérique. Bon pour être sincère il y a deux-trois autres personnages, mais vous avez compris l'idée.


Au niveau du style il y a à boire et à manger. Bon la plume de Loïs Duncan en elle même n'est pas franchement mauvaise, mais ce serai abuser que de dire qu'elle est bonne. Globalement c'est du très factuelle, sans effets de styles, sans recherche, avec des dialogues cohérents mais terriblement artificiels. Et justement c'est là que le bas blesse. Ben oui, lorsqu'on nous met en place une atmosphère gothique et sombre, qu'on insiste sur le sentiment de malaise des personnages, c'est un peu dommage de ne pas dépasser le stade du « Le couloir est sombre et effrayant ». Le récit manque de pause, de temps pour respirer, et surtout d'atmosphère. Pire encore on dirait que Loïs Duncan est pressée d'en terminer, et passe rapidement sur autre chose. Plusieurs fois un chapitre se termine sur Kit qui vit un évènement clairement paranormal, effrayant et potentiellement traumatisant, puis le suivant commence quelque jours plus tard, parlant de choses qui n'ont rien à voir. Bref ça manque de substance.


Au final le livre se lit (trop) vite et (malheureusement) sans difficulté. C'est juste lisse, fade, fonctionnel et sans âme mais pas à jeter non plus. Je sais que je suis dur dans ma critique, toutefois j’insiste : ce n'est pas que le livre croule sous mauvais points, c'est juste qu'il manque cruellement de bons points.

Quentin_Tournon
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le 1 mai 2021

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Quentin_Tournon

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