Ce roman a tout pour lui. On y trouve une dose parfaitement mesurée de légèreté et de gravité ; de bonheur et de souffrance ; d'actions, de références culturelles et de réflexions – des réflexions sur l'amour, l'art, la vie, la mort...
Il m'est arrivé de rire franchement – j'ai beau être une amoureuse des animaux, l'immanquable scène du dépiautage d'un pauvre lapin par deux hommes qui ne savent pas comment s'y prendre a, dans ce livre, quelque chose de délicieux ! – et de me retrouver la gorge serrée, les larmes au bord des yeux.
Ce livre sonne juste, il recèle une sensibilité et un romantisme débordants. Les personnages y sont humains, touchants, généreux.
J'avoue m'être juste un peu ennuyée en lisant l'histoire de Rosa Bonheur. J'aurais pu prendre plaisir à découvrir un livre consacré à l'artiste exclusivement, mais interrompre l'introspection de Pierre pour la vie de Bonheur ou de Simone Weil – auteure à laquelle le narrateur s'est aussi intéressé dans une thèse qu'il a entreprise, puis abandonnée – m'a semblé dommageable et a égratigné mon agrément.
Quoi qu'il en soit, "Bonheur fantôme" est un roman pudique, tendre et rafraîchissant. Un roman pétillant et plein de qualités, dont le plus grand tort aura cependant été de ne pas m'avoir laissé un souvenir impérissable...