Le tempérament contestataire et farouche de Jean Atwood m'a particulièrement amusée et a par conséquent contribué à une immersion rapide et facile au sein de l'ouvrage. Le roman de Martin Winckler m'a semblé humoristique, agréable à lire – même si le style n'est pas particulièrement remarquable et comprend une majorité de dialogues – et instructif. Ce roman s'annonçait très prometteur au début... Mais, sans pour autant que je n'aie envisagé de l'abandonner, sa qualité m'a paru s'effilocher tout au long de ma lecture...

Avant tout, j'avoue ne pas adhérer pleinement à ce type de littérature engagée, principalement parce que je ne connais pas le sujet et ne suis pas confiante quant aux messages et aux informations qui sont délivrées. S'il défend une cause tout à fait louable, il me semble que Winckler se permet ici d'incriminer une flamboyante majorité de ses confrères comme s'il était le seul à être doté d'un cœur et à réfléchir aux pratiques médicales contemporaines qui nécessitent une remise en cause. Cette posture m'a troublée. J'ai donc été tantôt intéressée ou interpellée par l'aspect documenté de ce livre, tantôt perplexe voire dérangée par son caractère éminemment orienté et critique...

Plusieurs facteurs ont concouru à mon déplaisir – ou à mon incrédulité – à la lecture de ce roman...

- les consultations gynécologiques sont très nombreuses et se ressemblent toutes. Winckler s'en sert pour développer, affirmer, confirmer, appuyer – réappuyer – ses convictions. Il enfonce le clou cent fois, ce qui s'avère légèrement indigeste au bout d'un temps,
- la façon dont Karma est décrit ressemble en tous points au profil de l'auteur en personne : comme lui, il arbore une barbe, tient un forum où les patientes peuvent lui poser leurs questions, et soutient évidemment ses opinions. Cela ne serait pas dérangeant en soi s'il n'était pas progressivement adulé par la jeune Atwood : je n'aime pas voir les auteurs s'encenser eux-mêmes, surtout quand ils semblent prôner l'humilité et la simplicité...,
- le livre comprend un chapitre de plus de vingt pages où sont listés une série de questions féminines figurant sur le forum de Karma : il n'y a pas un message, parmi ceux-là, qui ne comprend pas de faute de grammaire ou d'orthographe. Sur ce, je n'ai pas pu m'empêcher de songer que Winckler prenait la plèbe pour la Reine des Connes, en dépit de son discours profondément respectueux vis-à-vis du patient,
- l'évolution de Jean m'a semblé rapide et manquer de nuances : fermement réfractaire et révoltée au départ, sa transformation s'est opérée peut-être un peu trop vivement que pour demeurer crédible à mon sens,
- "Le chœur des femmes" nous délivre une fin mélodramatique royalement tirée par les cheveux. Ce passage n'apporte rien au livre et m'a semblé aussi grotesque qu'il était improbable.

En somme, je n'ai pas passé un mauvais moment avec ce livre parce qu'il a le mérite de m'avoir fait rire et réfléchir, mais j'avoue avoir été déçue par l'histoire (sa fin maladroite) et fatiguée par son côté résolument démonstratif...
Reka
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le 29 mai 2012

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Reka

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