"Le choeur des femmes" se situe dans la droite lignée des "Trois médecins". Martin Winckler y aborde les mêmes thèmes (la posture de pouvoir que s'accordent certains médecins, les relations avec les laboratoires pharmaceutiques, les dogmes erronés qui ont encore cours en gynécologie, etc...), et la construction est également très proche (des chapitres courts, des alternances de point de vue et de fils narratifs).

L'histoire est racontée à la première personne par Jean Atwood, jeune interne en chirurgie qui doit faire un stage de six mois dans le service atypique de Médecine de la femme dirigé par le non moins atypique Docteur Franz Karma. A son récit viennent s'intercaler des chapitres dans lesquelles ce sont les monologues des patientes que Jean croise en consultation que l'on entend. Toutes ces voix composent ce chœur polyphonique à la gloire des femmes, qui dénonce également les aberrations auxquelles la médecine les soumet parfois.

Malgré ses plus de 600 pages, ce roman se dévore d'une traite. On bondit allègrement de femme en femme, d'histoire en histoire, avec en toile de fond le récit de Jean qui réussit à accrocher le lecteur malgré ses points faibles (je vais y revenir). Les portraits de femmes que dressent Martin Winckler sont tous très touchants, et l'auteur réussit parfaitement à nous montrer que derrière chaque situation, il y a une histoire unique qui ne peut en aucun cas être jugée par des personnes extérieures. On apprend également beaucoup de choses sur la gynécologie telle qu'elle est pratiquée en France et dans d'autres pays, et sur les phénomènes d'intersexuation et les questions médicales qui en découlent.

Malgré tous ces éloges, je ne dépasserai pas pour ce livre un "petit" 7, car il y des éléments qui m'ont pas mal chiffonné pendant la lecture. D'abord, j'ai eu du mal à ne pas identifier totalement Franz Karma à Martin Winckler, tant les pistes d'identification sont nombreuses (la description physique du personnage qui fait penser aux photos de l'auteur, les préoccupations conjointes aux deux, la tenue d'un site/blog). Du coup, javais l'impression de lire une permanente ode de l'auteur à lui même via Jean Atwood, ce qui m'a pas mal gêné. Ensuite, il a des points dans l'histoire que je ne trouve pas crédibles. Le personnage de Jean tout d'abord, beaucoup trop caricaturale à la fois dans sa posture initiale qui dégouline d'arrogance, et dans son évolution ultérieure qui manque de nuance.

*****SPOILER*****
Et puis, le dénouement de son histoire personnelle sur la fin arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, et se résout de manière trop grandguignolesque à mon goût, avec beaucoup de grosses ficelles narratives et de scènes larmoyantes.
*****END OF SPOIL*****

Malgré ces quelques défauts, ce livre reste un très bon roman, captivant, passionant, touchant, et qui amène aussi une bonne louche de réflexion. A lire avant toute visite chez le gynéco.
CathyB
7
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le 29 déc. 2011

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CathyB

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