Avec Bran Mac Morn, Howard nous convie à rencontrer un peuple qui vivant bien avant que les Celtes ne le chasse de ses terres, le poussant à se dissimuler dans d'obscures cavernes ou dans de sombres futaies éloignées, précipitant ainsi son déclin tant territorial que corporel et psychique. J'ai nommés les fameux Pictes, peuplade sauvage qui traverse l'oeuvre globale de Howard.
Si le personnage de Bran Mac Morn, chef picte ayant conservé toutes les caractéristiques initiales de sa race, semble porter une certaine classification par type de peuples, c'est que l'époque était parcourue par ce genre de considérations. L'écriture d'Howard n'en reste pas moins puissante, évocatrice avec ces héros aux corps sculptés dans du roc, vifs comme des panthères, possédant des muscles d'acier et un regard de braise.
Si la plupart des récits proposés nous proposent de sanglantes opposions entre ennemis séculaires, il est cependant quelques histoires que l'on sent empreintes des échanges que nourrissait Howard avec HP Lovecraft. Je songe en particulier à celle intitulée "les vers de la terre", qui nous conduit dans des profondeurs obscures dans lesquelles se tapissent d'antiques horreurs que n'aurait pas reniées le père de Dagon. Howard parvient à suggérer l'indicible, à stimuler l'imagination fertile du lecteur enfiévré et le plonger des des abîmes temporels inconcevables.
Pour ceux qui auront déjà lus les précédents opus (Conan, Solomon Kane ou bien les Seigneurs de Samarcande), il est certain qu'une impression de déjà lu pourra surgir ça et là, tant la façon qu'à Howard de présenter ses personnages puissants et indomptables se ressemble. Si l'on parvient à en faire abstraction, alors le plaisir de la lecture sera entier.
Il est à noter qu'à l'instar des précédents tomes, Patrice Louinet, le spécialiste d'Howard, nous gratifie de commentaires instructifs sur l'oeuvre de celui qui disparut bien jeune.