Hitchcock disait qu’il fallait un méchant bien méchant pour faire une bonne histoire. Le roman Bronze et Tournesol semble prouver le contraire. Non seulement il n’y a pas de méchants, mais pire que cela : ils sont tous gentils. Plus que gentils, des paragons de vertus, des homos sovieticus, des paysans dignes, honnêtes et travailleurs d’un village chinois des années 60, le tout en pleine révolution culturelle dont la violence politique est laissée hors champs. Même (ou surtout) la bureaucratie du parti communiste est bienveillante! Et pourtant ça fonctionne. Peut-être car il y a malgré tout dans le livre de CAO Wenxua des antagonistes puissants: les flots tumultueux du fleuve qui rendent les enfants orphelins, la misère qui rode, les hordes de sauterelle et la famine qui bientôt s’abat. Peut être car on est touché par le destin de ces deux gamins cabossés par la vie dépeint avec grâce et tendresse: Bronze et Tournesol, leurs petites bouilles rêveuses, leur pérégrinations dans les roseraies, leur amour fraternel, leur sens du sacrifice. Si on ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments (Gide) peut-être peut on en faire avec des sentiments bons.

Boebis
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le 15 mars 2024

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