Brutale, de Jacques-Olivier Bosco: jamais un roman n’aura autant mérité son titre. Car brutale, l’héroïne du roman, l’est assurément. Lieutenant à la BRB, Lise Lartéguy traine avec elle un bon nombre de caractéristiques qui en font une héroïne assez atypique des thrillers : Alcoolo-tabagique, héroïnomane et autres drogues-addict, bisexuelle, violente et sans vraiment d’état d’âme, n’hésitant pas à sortir le pistolet ou la barre métallique glissée dans sa botte pour dérouiller les truands, quitte à canaliser sa violence en courant à perdre haleine dans Paris ou en massacrant le sac de sable suspendu chez elle. Le tout sous une bande-son assurément barrée, violente, comme elle, intégralement proposée à la fin du roman.
On ne s’attardera pas sur l’explication donnée par l’auteur pour justifier de la présence d’une telle bombe dans les rangs de la police, endroit où en principe elle n’aurait aucune chance de s’y trouver, le piston dont Lise bénéficie est plutôt énorme. L’histoire débute au pas de course, et se déroule sans aucun temps mort, en chapitres courts, précis, concis. Impossible de s’ennuyer dans un tel roman, tant l’action est présente, dégouline de chaque page au rythme des rifs de guitare électrique. On découvre les travers de Lise enfant ( les stigmates d’une violence difficilement canalisée), sa façon bien à elle de châtier les coupables pas assez sévèrement punis. Lorsque son frère Camille est victime d’une attaque à l’arme lourde sur l’autoroute, au cours d’un contrôle routier, elle décide de faire justice et de retrouver les coupables. L’auteur mêle alors une histoire de disparition de jeunes filles vierges entre la Tchétchénie et la France, et d’un mystérieux personnage, l’Ultime. Un personnage servant d’explication finale et à mon goût peu convainquant car peut-être pas assez exploité par rapport aux autres protagonistes du roman impeccablement décrits et placés (mention spéciale au "cramé" et aux collègues filles de Lise)
Si cette histoire donc de jeunes vierges se révèle non indispensable et un peu décevante, force est de constater que Jacques-Olivier Bosco sait frapper fort dès qu’il s’agit de faire bouger son Inspecteur Harry en dentelles. Dentelles qu’elle ne fait pas d’ailleurs. Pour ma part, j’ai dévoré ce roman en quelques jours, en espérant revoir Lise un de ces jours sur sa KTM. Parce que cette fille a du potentiel et que « JOB » n’a pas fini de l’exploiter.