Du steampunk sans Victoria
Ce gros roman steampunk se dévore avec une aisance qui frise l'indécent.
L'action se situe à Londres, dans les années 1860. En plein ère victorienne alors ? Comme il se doit ? Et bien pas vraiment en fait. Car la reine Victoria, dans ce livre est morte assassinée à 20 ans. Elle n'a donc pas eu le temps de marquer son époque, et encore moins de lui laisser son nom.
Du coup, à quoi ressemble ce Londres new look ?
Et bien une partie est proche du Londres historique (sale, pauvre, pollué) et l'autre est totalement dans le style steampunk avec son lot d'innovations technologiques à base de vapeur et d'électricité.
La société aussi est proche de l'ère victorienne, bien que d'autres éléments s'y ajoutent avec notamment deux factions qui défrayent la chroniques : les Technologistes, fervents défenseurs du progrès technologique et eugénique (car oui, il y a de l'eugénisme) et les Libertins, qui prônent le rejet des convenances sociales et l'assouvissement des désirs humains pour libérer l'homme.
Le héros est lui un personnage ayant réellement existé : Richard Francis Burton, célèbre explorateur de l'Afrique, notamment et traducteurs de nombreux textes orientaux en anglais.
Le récit est centré sur l'enquête menée par Burton et son ami, le poète Algernon Swinburne qui cherchent à résoudre une série d'enlèvements et d'agressions sexuelles dans les bas quartiers.
Tout est bon dans ce roman. Les personnages sont très réussis, les dialogues mordants, et le décor londonien parfait. L'alchimie entre personnages historiques et Londres alternatif est parfaite et, chose rare, le pourquoi du changement entre le Londres réel et le Londres du roman nous est expliqué dans le cours de roman.
Bien que le récit soit touffu et combine énormément d'éléments (voyage dans le temps, uchronie, steampunk, mesmérisme...), on ne se sent perdu à aucun moment.
Vraiment très, très réussi. Le prix Philip K Dick reçu en 2010 me semble entièrement justifié. Ce roman, c'est une bombe !