"[...] Ma mère frappa sur la table avec la salière.
"Mais enfin, ne comprends-tu pas que ce salaud cherche une autre souillon sans ressources ?"
Alice frappa un coup encore plus fort avec son couteau à fruits.
"C'est vous qui ne comprenez rien !"
Je plaçai mes aubergines dans la passoire. Mon mauvais côté caracolait : ne cherche pas à te vanter. Je saupoudrai les aubergines de sel. mon bon côté vint à mon secours : elle ne se vantait pas, elle parlait de ce qu'elle aimait. Le sel raviva ma blessure. Je suçai mon doigt coupé en regardant les pois de senteur. Mon mauvais côté demanda : depuis quand devons-nous parler de ce qui nous intéresse ? L'autre cherchait une réponse.
La voix de ma mère me ramena sur terre. "A quoi rêves-tu Clarisse ? Dis quelque chose, toi !""
(Zoyâ Pirzad, C'est moi qui éteins les lumières, traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ, Paris, Zulma Editions, p.155)