Les lecteurs attentifs et bienveillants des livres de Zoyâ Pirzâd, parus jusqu'alors en français, appréciaient la prose de la romancière et nouvelliste, tout en avouant, pour la plupart, un léger manque pour être totalement emballés, comme un supplément d'âme qu'ils espéraient y trouver, en vain. Grand bonheur : C'est moins qui éteins les lumières, son tout premier roman (2001), vient enfin
d'être publié dans notre langue, et il balaie toutes les réticences, tout en restant dans la lignée de ses oeuvres précédentes (ou plutôt postérieures). Jamais Zoyâ Pirzâd n'avait composé un personnage aussi profond, sous les apparences de la banalité du quotidien, décrit d'une plume suave, ironique, d'une irrésistible finesse. Clarisse, son héroïne, est une ménagère d'origine arménienne, qui vit à Abadan, au sud-ouest de l'Iran, au sein d'une famille bourgeoise sans histoire. L'époque est indéterminée, avant la révolution islamique, pour sûr, mais quand exactement ? Années 50, 60, 70 ? Qu'importe, au fond, l'intérêt est ailleurs, dans cette description minutieuse et malicieuse d'une "housewife" qui n'est pas loin d'être désespérée, voire au bord de la crise de nerfs. C'est par petites touches gracieuses que la romancière (dé)construit Clarisse, dans un style limpide et lumineux. Le meilleur livre de Zoyâ Pirzâd, à ce jour, et de loin.

Cinephile-doux
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Romancières, je vous aime

Créée

le 11 janv. 2017

Critique lue 284 fois

2 j'aime

3 commentaires

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 284 fois

2
3

D'autres avis sur C'est moi qui éteins les lumières

C'est moi qui éteins les lumières
Cinephile-doux
9

Ménagère iranienne désespérée

Les lecteurs attentifs et bienveillants des livres de Zoyâ Pirzâd, parus jusqu'alors en français, appréciaient la prose de la romancière et nouvelliste, tout en avouant, pour la plupart, un léger...

le 11 janv. 2017

2 j'aime

3

C'est moi qui éteins les lumières
louisa
5

Critique de C'est moi qui éteins les lumières par louisa

Engluée dans sa vie triste de femme au foyer, Clarisse se morfond entre son mari mutique, ses gosses qui se disputent constamment, sa mère et sa sœur qui squattent sa cuisine et lui font des...

le 11 mars 2012

2 j'aime

1

C'est moi qui éteins les lumières
Neena
8

Critique de C'est moi qui éteins les lumières par Neena

"[...] Ma mère frappa sur la table avec la salière. "Mais enfin, ne comprends-tu pas que ce salaud cherche une autre souillon sans ressources ?" Alice frappa un coup encore plus fort avec son couteau...

le 16 févr. 2017

1 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13