John Grisham est un auteur américain à succès. Il s’est fait un nom dans le roman judiciaire exploitant ainsi son passé d’avocat. « La Firme », « Non coupable » ou « L’Affaire Pélican » sont certains de ses ouvrages les plus célèbres. Mais l’écrivain ne se réduit à cette thématique narrative. « La dernière récolte » ou « Pas de Noël cette année » sont deux exemples d’intrigues se déroulant loin des prétoires. « Calico Joe » fait partie de cette famille scénaristique. Il s’agit d’un livre de deux cent cinquante pages édité chez Robert Laffont il y a deux ans. Sa couverture est habitée par un ciel crépusculaire et sombre. La seule touche lumineuse est apportée par l’uniforme blanc d’un joueur de baseball, isolé et s’apprêtant à lancer sa balle.
L’univers de l’histoire est ainsi clairement explicité : le baseball. Calico Joe est le surnom d’un joueur ayant fait un début de carrière foudroyant en MLB sous les couleurs des Chicago Cubs. De son côté, Warren Tracey est un joueur des Mets en fin de carrière. C’est à travers le regard du fils de ce dernier, Paul, qu’on va vivre la rencontre entre ses deux joueurs aux trajectoires opposées qui ne laissera aucun des protagonistes indemnes.
Paul est le narrateur. La particularité de la construction de la trame est d’alterner des chapitres se déroulant en 1973 et d’autres à notre époque actuelle. On oscille entre le ressenti d’un enfant de onze ans et le regard mature d’un père de famille. Cette idée originale est bien exploitée par l’auteur. Je me suis autant passionné par un pendant de l’histoire que par l’autre. L’immersion dans le passé permet de suivre l’apparition et la montée en puissance de Joe Castle. Il vit un véritable conte de fée battant des records de précocité en matière de performance sportive. Certaines descriptions de matchs restent complexes à maîtriser malgré la préface explicative de l’auteur sur les us et les coutumes de ce sport profondément américain. Néanmoins, Grisham arrive à transmettre le destin légendaire qu’est en train de vivre ce nouvel héros de l’Amérique.
Paul représente tous les enfants qui rêvent devant les stars du sport. Il collectionne les articles de journaux, connaît les statistiques par cœur et écoutent les matchs en boucle à la radio. En ce sens, je n’ai eu aucune difficulté à m’attacher à lui. Sa particularité est d’être le fils d’un joueur professionnel. Ce qui devrait être le rêve de tout gosse est en fait un calvaire pour Paul. Son père est violent, aigri, alcoolique et volage. Ils cumulent toutes ses qualités et sa famille n’en sort pas indemne. L’auteur arrive à développer de manière assez intéressante les relations complexes entre ce fils et son père. Cela fait partie des attraits de la lecture.
La partie contemporaine de l’intrigue prend davantage de temps à clarifier son objectif. On découvre un Paul adulte qui évoque avec amertume et colère son père. Ses intentions et le lien avec l’année 1973 ne germe pas immédiatement. Cette attente est agréable car elle aiguise la curiosité et pousse à accélérer la lecture. Je ne vous en dévoile pas davantage car la découverte fait partie du plaisir de la lecture. La seule chose que je puisse dire est que du début à la fin, mon attention n’a cessé de s’intensifier. J’ai dévoré cet ouvrage en peu de temps et une fois terminé, j’ai pu savourer un dénouement à la hauteur de tout ce qui l’a précédé. Je ne peux donc que le conseiller aux adeptes de lecture simple, rapide, efficace et prenante…