Un stakhanoviste heureux
Ryô a 20 ans. Ne lui dites pas que c'est le plus bel âge, il vous assassinerait de son mépris. Il s'ennuie, Ryô. Beaucoup. Ne trouve aucun intérêt à ses études à l'université et pas davantage à son...
le 17 déc. 2016
Ryô a 20 ans. Ne lui dites pas que c'est le plus bel âge, il vous assassinerait de son mépris. Il s'ennuie, Ryô. Beaucoup. Ne trouve aucun intérêt à ses études à l'université et pas davantage à son petit boulot de barman. Quant aux filles, elles ne trouvent pas grâce à ses yeux. La proposition de la patronne d'un club très privé qui souhaite l'engager comme escort lui parait d'abord incongrue et puis, légèrement curieux, il va tout de même plonger dans une vie de prostitué pour femmes de 30 à 70 ans sans imaginer que son parcours initiatique vient de commencer et va changer sa vie. Call-Boy, signé Ishida Ira, est un roman japonais, ce qui devrait déjà alerter les lecteurs de ce livre sur la bizarrerie de son intrigue et l'inconfort qu'il procure quoique contrebalancés par une douceur de ton et une propension à philosopher sur le sens de l'existence. Les familiers d'Ogawa et des deux Murakami, tout comme du cinéma d'Oshima ou de Masumura ne devraient pas être en terre inconnue. Cependant, si le livre séduit par son écriture et par ses phases tendres, il est également très explicite et d'une crudité parfois embarrassante dans de nombreux passages que l'on qualifiera d'érotiques et c'est un euphémisme. On peut aisément lui reprocher de donner de la prostitution, mâle en l'occurrence, une image angélique, eu égard à l'imperturbable stakhanovisme heureux de son héros. Lequel, on s'en doute, n'en a cure de la morale. Le roman se veut aussi un hymne au désir et aux fantasmes féminins. Voire. C'est aux lectrices de donner leur sentiment sur ce point sujet à caution. Nonobstant quelques réserves énoncées plus haut, Call-Boy dégage une sorte de grâce innocente liée à la personnalité empathique de Ryô. Un livre à conseiller aux femmes de 30 à 70 ans ? Certes non, si sa qualité littéraire est indéniable, son caractère libertin et parfois pervers n'en fait pas un objet véritablement acceptable par tout un chacun.
Créée
le 17 déc. 2016
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