Dans une vie presque parfaite t'as Eric et sa soeur Gwen, ils sont jumeaux. Et Gwen elle a un amoureux qui s'appelle Ward, ils sont jeunes et on est au tout début des années 70. Presque parfaite bicause ils partagent le loisir de la chasse parce que chez eux c'est ce qu'on fait beaucoup. Presque parfait parce que quand t'as un fusil dans la main et que t'es cap de tuer un animal tu peux aussi par négligence tuer quelqu'un à qui tu tiens. Et Ward il tue Gwen. En à peine un paragraphe.
25 ans plus tard Ward il est remarié mais il va pas du tout bien puisqu'il a ôté la vie de quelqu'un. Et Eric non plus parce qu'il a le démon d'avoir perdu sa soeur. Genre y'a toute sa vie qu'est entrain de partir en miettes.
Jusqu'à ce que par tentative de rédemption Ward propose à Eric de venir chasser. Juste eux deux. Ward pour se punir une bonne fois pour toutes, Et Eric il dit dac, parce que ça fait 25 ans qu'il cherche un bon moyen de se venger.
T'as le droit de penser à Will Hunting quand t'imagines des gars du Wyoming qui pourraient porter des chemises en laine à carreaux qui récitent de la philosophie à laquelle tu bites que dalle. T'as le droit de te sentir happé par toute cette culture que t'as vu à travers les écrans ou les livres, comme si elle venait te bercer et te faire le bisou avant d'aller dormir. Ça a beau être une histoire dure, avec plein de passages religieux, de folklore blues/jazz/country avec des mecs qui sont taillés comme des Goliath d'avoir mangé 5 steaks au petit dej' toute leur vie, ben. Tu prends grave ton pied.
Y'a ce murmure continuel qui se glisse jusqu'à la plus petite mollécule de tout ton corps, qui te pousse à prendre la tangeante et te dire "faut que je me tire d'ici".
Canyons c'est une histoire de rédemption qui prend un angle différent. Qui ne se termine pas du tout comme ce que la vie tend à faire ou comme les livres le font en général. C'est le Grand Pardon revisité et des citations de Bunynan et du Hank Williams pour auréoler.
T'en resors un peu ébranlé, mais pas pour le sujet du bouquin. Juste parce que t'as ce murmure qui veut pas partir et qui te fait te poser plein de questions en ce qui concerne ton avenir.
Je m'en cogne que vous le lisiez ou non, moi je sais que j'ai aimé, que je serai cap de le relire à un autre moment de ma vie, que y'a aucune littérature qui me fait autant de bien, qui me permet de m'évader, de régler quelques démons, de me donner envie d'un lendemain.
Mais ch'rai quand même un peu content si tu le lis et qu'on partage ça autour d'une virée dans les montagnes du Sud de la France en guise de substitut à.
L'automne va pas tarder mais moi j'ai déjà envie de chocolats chauds, d'un parquet qui grince et d'une B.O. comme il pourrait y avoir dans Beignets de tomates vertes.