Fernando de Noronha est un archipel brésilien situé dans l’océan Atlantique, au large de Natal, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2001. L'île principale de l'archipel porte le même nom et c'est dans cet endroit idyllique, très prisé des surfeurs, que se déroule l'action de Captifs au paradis, le premier livre de fiction du journaliste brésilien Carlos Marcelo, connu dans son pays pour une biographie et un essai sur la musique. Voici un roman à peu près inclassable qui est aussi bien touristique, ethnologique, historique que polar puisque un meurtre a été commis suivi d'un suicide à moins qu'il ne s'agisse d'un double assassinat. Assez complexe dans sa construction, avec un narrateur qui laisse souvent la place à d'autres personnages et de nombreux flashbacks, le livre oscille entre chronique épicée pleine d'humour et tragédie pure, dévoilant la face sombre de l'île. Captifs au paradis est en tous cas constamment captivant, maniant l'ironie et l'érudition, sans jamais perdre de vue une intrigue qui ne délivrera ses vérités qu'en toute dernière extrémité. C'est un roman qui, outre son personnage principal, Tobias, sympathique mais ambigu, avec un passé douloureux, nous présente une galerie de personnages dont les caractères sont suffisamment étoffés pour exister vraiment (ce qui est somme toute pas si fréquent dans la littérature contemporaine) : la soeur, la fille et l'épouse décédée de Tobias ; des autochtones hauts en couleur, un policier, une restauratrice, un militaire, un médecin, un philosophe. Les nuances dans le récit, entre chaleur exubérante et noirceur font tout le prix de ce roman qui réussit à la fois le portrait d'un lieu isolé et très spécifique et qui pourtant contient quelques uns des attraits et des dysfonctionnements symptomatiques du Brésil. De la verve, du mystère et du dépaysement : le cocktail est presque aussi enivrant qu'une fraîche caïpirinha.

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le 1 août 2019

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