Dans une Bretagne aux ciels superbes et aux ambiances lugubres, Dan, en fuite suite à un braquage raté, s’est refugié sur une île, seul avec l’océan, continent liquide qui règne ici en maître.

Là, éreinté par le va-et-vient de la houle, ivre de l’immensité salée, Dan retrace l’enchaînement de l’amitié, l’amour, la trahison, les retrouvailles, le braquage, le désastre, et la cavale – dans la relation triangulaire qui le relie à Mau, son ami, et à Gwenn, la femme qu’il a aimé.

Trajectoire d’un homme dégoûté du monde superficiel et frénétique dans lequel les promeneurs du dimanche et les clients de centres commerciaux affichent un succédané de bonheur, trajectoire d’un homme en détresse, navigateur solitaire errant dans une vie en forme d’impasse, entre rage, renoncement et impuissance.

« Cavale blanche » est une cavale immobile, terrée, entrecoupée de la mémoire des événements ayant mené au désastre, dans une tension qui devient épique lorsque la tempête se déchaîne.

« Cavale blanche » est un texte magistral, profondément teinté de poésie et de colère.

« J’avais retrouvé Mau et Gwenn un soir de concert à ce même café des Halles à Douarn’. Douarnenez. Dz City. La cité rock la plus à l’ouest du Finistère. La plus à l’ouest tout court. Douarnenez avait gardé son esprit frondeur de ville portuaire où on emboitait encore un peu les sardines et encore pas mal les connards, de façon salutaire. Un héritage de son histoire, ce rouge de l’indignation ouvrière et de la fête populaire qui teintait facilement les joues. »

« Dans la nuit, une bulle d’un silence intense me réveille. Quelque chose de fabuleux se tapit à l’extérieur, issu de la profondeur océanique. Ma jambe, avertie, palpite de douleur. Et puis, comme une langue qui goûterait la pierre, une rafale courte et aigre râpe le coin de l’abri. Une autre plus longue suit. Une troisième est comme ravalée d’un coup de glotte géante. Et l’instant d’après, le grand souffle déferle, hurlant, happant la maison dans une emprise vivante et sonore, poussant l’obstacle dans une lutte obstinée. La tempête vient de commencer. »
MarianneL
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le 19 juil. 2012

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