Mélancolique, indolent, nostalgique et fataliste : les qualificatifs qui venaient à l'esprit à la lecture de Les belles choses que porte le ciel, premier roman de Dinaw Mengestu, sont toujours valables pour son second, Ce qu'on peut lire dans l'air (le genre de titre qui ne veut rien dire), 4 ans plus tard. A la différence que ce nouveau livre est plus ambitieux dans sa construction, plus touffu et que, finalement, il se révèle plus détaché, moins touchant, cédant parfois à une sorte de cynisme désabusé qu'on ne connaissait pas à l'auteur. Ce qu'on peut lire dans l'air est, somme toute, l'histoire de deux mariages ratés : celui du narrateur, Jonas, que Mengistu ne ménage pas, velléitaire et mythomane, et celui de ses parents, rapidement séparés pour de bon aux Etats-Unis, après l'avoir été, contre leur gré, en Ethiopie. Le pays d'origine est d'ailleurs moins présent que dans son précédent livre, si ce n'est pour évoquer le départ du père en clandestin et ses difficultés à destination, quand on ne parle que l'amarhique en Amérique. A travers ses deux histoires de déchéance d'un couple, qui s'imbriquent au fil des pages, Mengistu retrouve petit à petit une petite musique qui lui est propre, modeste et triste, qui fait que l'on suit sans déplaisir ce récit intime où, évidemment, les thèmes de l'exil, du déracinement et de la violence s'inscrivent en filigrane. Mais avec moins de réussite et d'évidence, répétons-le, que dans Les belles choses que porte le ciel.