Dans ce deuxième roman consacré aux personnes qui font le « djihad », j’ai retrouvé tout ce que j’aime chez Pascal Manoukian : une littérature engagée et audacieuse, qui instruit autant qu’elle sensibilise, dans un style remarquable fait de phrases claquantes et belles qui ramassent l’humanité en quelques mots.
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Je ne rencontre que très rarement les auteurs que je lis, sans doute par peur de la déception. Mais grâce à Manou se livre, j’ai eu l’occasion de rencontrer Pascal Manoukian lors de la parution de son superbe premier roman, Les Échoués, et j’ai été séduite par sa gentillesse, son humilité, son « accessibilité ».
Les attentats de Daech en France sont un sujet très sensible, d’autant que comme certains d’entre nous j’ai été affectée personnellement par les attentats de 2015. Mais ces attentats sont le point de départ de ce roman, qui ne vise pas à raconter le deuil mais à remonter le fil : qui sont ces personnes qui perdent pied, qui deviennent kamikazes ? Pourquoi font-elles ça ? Par quelles méthodes leur cerveau est-il lavé en Syrie ? Avec Karim, on fait le voyage de Paris à Raqqa en Syrie, et on tente de comprendre l’horreur, la haine absurde, la négation de tout. On découvre les rouages d’un business de la mort où les nouveaux candidats au « djihad » rapportent une fortune aux recruteurs via Facebook, où les exactions sont filmées et montées comme des films d’Hollywood à des fins de propagande.
Pascal Manoukian semble percevoir la fiction comme un outil à la fois sensible et didactique, et c’est exactement ma définition du roman engagé. Tout comme avec les réfugiés dans son premier roman, il s’est efforcé ici d’apporter une description interne du système Daech et un éclairage sur la situation géopolitique qui a mené à la guerre en Syrie depuis 2011. Il s’agit de faire le travail que les médias dominants ne font pas : informer au mieux les citoyens, sans invoquer toujours la peur et la haine de l’autre.
À chaque page du roman, j’ai souligné et apprécié tellement de phrases si claquantes et belles à la fois, même si le retour à la ligne a été à mon sens trop utilisé. Pascal Manoukian pénètre dans les cœurs de ces gens brisés par la vie et qui commettent ces actes horribles, et il nous enjoint, nous lecteurs, à être sensibles à notre prochain, à ne pas céder à la haine, à garder notre tolérance. Je crois toujours qu’il faut répondre à la haine par l’amour et la tolérance, même si c’est difficile au quotidien.
Voilà un roman haletant, terrible et audacieux, publié par les éditions Don Quichotte dont j’aime beaucoup le catalogue.
* L'article entier sur Bibliolingus :
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