Nuala, une journaliste combative !
♥ Coup de cœur ♥
Sur le conseil d’une de mes anciennes collègues, j’ai lu Nuala O’Faolain et j’ai eu un véritable coup de cœur pour son intelligence, son style et sa sensibilité.
Ce regard en arrière rassemble des textes que la journaliste a écrit dans l’Irish Times et autres journaux.
Ce regard en arrière, c’est le dernier regard des Irlandais qui partent pour l’Amérique et/ou leur passé. Nuala nous parle des ces émigrés, ce lien irlando-américain qui est présent et ambigu comme tout départ. Ces Irlandais sont dans l’entre-deux cultures.
Nuala dénonce avec force l’indifférence. L’indifférence envers d’autres humains. Elle prend comme exemple les gens du voyage, mis à l’écart de la société, rejeté par celle-ci, ils n’ont pas d’autres moyens que la violence, n’est-ce pas ? Nous leur donnons quel autre moyen ? Aucun !
L’auteur est une féministe, elle défend la Femme, la Mère, notamment dans le cas de violences conjugales. Dans ce cas, la femme est considérée comme victime et les autres femmes la prennent en charge mais du côté des hommes, il n’y a pas ce soutien.
Enfin, elle nous parle de l’Irlande, son pays, sa culture, l’impression forte qu’a laissée le catholicisme (exemple de la femme qui fait la communion de sa fille "par habitude"). Puis du problème en Irlande du Nord, conflit complexe où les gens se méfient des autres, deux clans.
Sans aucun doute, je continuerai à lire cette auteur. Une auteur qui donne à réfléchir et agir. Des journalistes comme Nuala, on en retrouve si peu…
Si tu passes par ici, merci Mila ! :)
Extraits :
A quoi peut-on s’attendre, dans une société si atrocement divisée entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, sinon que certains de ces derniers se repaissent des premiers ? Nous acceptons qu’un tiers de la population vive en dessous du seuil de pauvreté. Nous acceptons que seule une poignée des plus exceptionnels parmi les enfants des pauvres atteignent le niveau des études supérieures. Nous acceptons des exemples énormes de cupidité et de corruption dans la vie publique. Nous acceptons les valeurs du matérialisme. Alors qu’est-ce que nous espérons – qu’on nous laisse tranquilles, nous qui avons tous les privilèges ? (p.37)
Si nous en savions plus sur leur compte, elles nous feraient moins peur. Nous verrions avec quelle richesse elles réagissent aux plus petites miettes qui tombent de notre table. C’est à nous, aux puissants de changer. Nous avons construit la société où cette enfant sans défense a été violée et forcée à la maternité. C’est nous qui avons fait cela, pas eux. Nous sommes passés devant leurs roulottes délabrées avec le regard aveugle des touristes. Et nous recommencerons demain. (p.216)
Et ils ont raison. Il n’y a pas de moyen efficace de compatir à la douleur du monde. Qui est un lieu atroce, infiniment pire que nous ne voulons le reconnaître. Nous occultons, sous un nuage de "comment" destiné à faire diversion, la vérité simple que les hommes ont fait de cette planète une chose horrible. Même si les événements du 11 septembre et la folie de tout ce qui en a résulté ont peut-être soulevé un coin de la nappe de brouillard où nous tâtonnons d’habitude. Le monde est d’une injustice féroce, et le seul répit contre l’injustice est conquis par la force.
Les Etats ignorent la bonté. Ils éliminent les scélérats ici et en soutiennent d’autres là-bas. Ils alimentent la folie en testostérone, parmi les civils comme au sein de l’armée. Des cultures entières, y compris à Hollywood, glorifient la violence. La guerre distrait à merveille de l’injustice. Nous regardons des photos d’enfants qui souffrent – des yeux immenses dans des têtes osseuses penchées sur des petits corps malingres qui traverseront la vie sans jamais connaître la sensation d’avoir le ventre plein. Et nous regardons tomber les missiles qui ont coûté des milliards. Et nous passons notre chemin. (p.284)
Nuala O’Faolain ~ Ce regard en arrière et autres récits journalistiques, Sabine Wespieser (2011)