Noir, définitivement noir
Avant-propos : ceci est le rapatriement d'une fiche que j'avais rédigé pour le site du Cafard Cosmique sour le pseudonyme de Popars.
C’est avec un grand plaisir que j'ai accueilli, à l'époque, l’heureuse initiative de la maison d’édition « Les 3 souhaits », petit bébé du site Internet ActuSF. En effet, ces derniers venaient de faire paraître "Cendres", un recueil de nouvelles Thierry Di Rollo que l’on ne présente plus, tellement il a imposé sa griffe dans le paysage de la SF en France.
Au sommaire, 4 nouvelles :
-Cendres, déjà paru dans La Geste 17, 1997.
-Jaune Papillon [revue et expurgée pour la présente édition] déjà paru dans La Geste Chapitre Quatorzième, 1996.
-Les Hommes dans le Château, inédit.
-Quelques grains de riz, déjà paru dans l’anthologie Rock stars, Nestiveqnen, 2003.
Et c’est parti pour découvrir le pendant nouvelliste de cet auteur !
Nous suivons les premiers pas de Di Rollo avec les deux premières nouvelles : "Cendres", noir tableau du devenir des relations humaines dans un camps de réfugiés, et "Jaune Papillon", ou de l’utilitarisme sans concession appliquée aux vieilles personnes. Et là, première surprise, nous voyons les germes de ce qui allaient devenir des tableaux d’un futur sombre et violent, que nous retrouvons dans" La profondeur des tombes" et "La lumières des morts", par exemple. Incisifs, tranchants et cinglants, ces deux nouvelles feront le bonheur des fans de Di Rollo qui voudront retracer sa progression vers son univers actuel.
Viens ensuite une nouvelle qui, de mon point de vue, semble la plus faible du recueil." Les Hommes dans le Château" retrace les raisons de la fuite et de son sauvetage d’une jeune demoiselle d’un bien étrange domaine anachronique. Pourquoi faible ? Et bien peut-être parce que je reste sur ma fin sur les tenants et aboutissants de cette histoire, les trouvant, somme toutes, assez vaines. Mais ça reste un bon constat de la faille séparant les classes sociales hautes et les classes sociales basses. Comme quoi, les rapports de force de ces deux sphères n’ont pas tellement changé depuis le Moyen-Âge. Et là, nous pensons particulièrement à "Meddik", pour cet aspect, mais aussi à" La profondeur des tombes" pour un personnage tentateur : la Mort.
Le recueil se termine sur mon histoire préférée. "Quelques grains de ri"z, c’est la monomanie d’un homme persuadé de posséder la véritable interprétation des paroles de Eleanor Rigby de The Beatles, et qui est près à tout pour la révéler à travers un film. La folie, une des pierres de touche de l’œuvre de Di Rollo, est de nouveau mis à contribution dans cette petite œuvre aux accents mélancoliques, et sublime cette dernière.
Alors quid de ce recueil au total ?
Comme toujours, les optimistes maladifs passeront leur chemin ainsi que les détracteurs de Di Rollo. Mais les fans, déjà assez nombreux, auront largement leur compte. Petit bémol tout de même : le prix de 6 euros pour 84 pages peut paraître un tantinet élevé. Mais bon, franchement, en terme de rapport qualité/prix, on a vu bien pire.
Si la très belle couverture de Daylon ne finit pas de vous convaincre, je ne sais pas ce qu’il vous faut comme argument supplémentaire pour acheter ce livre.
Je ne peux que cautionner l’initiative d’ActuSF de donner un petit coup de pouce à l’espace éditorial SF en France, créant ainsi un petit espace supplémentaire pour les auteurs confirmés, mais aussi pour laisser place à quelques découvertes.
Allez, zou ! Faîtes vous plaisir !