Spoiler dans le dernier paragraphe
Après avoir lu "Elle s'appelait Sarah", j'avais un énorme besoin d'en savoir plus sur les camps de concentration, la vie des Allemands qui n'étaient pas au front, la perception que les autres avaient de leurs actes, ce qui restait dans les mémoires. Bref', j'étais atteinte par le syndrome marquant de la "Shoah", c'est-à-dire que quand on commence à s'y intéresser, il n'y a plus moyen de s'arrêter. On veut en connaître, en savoir toujours un peu plus.
La première chose à laquelle j'ai pensé en lisant le titre était que par "sauveur", je ne voyais par là que la personne qui allait permettre à Anna & Trudy d'échapper à l'enfer de la guerre, donc le sauveur se résumait à Jack.
Et puis, au fil de la lecture, on se rend compte, on comprend qu'il n'existe pas qu'un seul sauveur mais bien plusieurs. Chacun a joué un rôle différent, a eu des répercussions différentes sur la vie d'Anna & de Trudy, cependant, ils restent des sauveurs qui ont permis à la femme & l'enfant de survivre. C'est ce fait qui est important. Survivre.
Et c'est un point du livre que j'ai particulièrement apprécié. Que ça ne résume pas qu'à une seule personne. Au début, je n'y croyais pas vraiment, je ne pensais pas que de telles personnes puissent être d'une quelconque utilité, qu'ils aient pu, en réalité, provoqué un certain "bien" (mais ce n'est pas "bien" dans le sens commun du terme, c'est tellement plus profond, ça englobe également un "bien" négatif, qui fait mal mais qui, au final, permet de rester en vie, d'assurer la sécurité de l'être aimé).
C'est dans les paroles & l'attitude d'Anna que tout prend forme. Je pensais vraiment qu'elle allait finir par cracher le morceau, qu'elle allait soulager sa conscience, alléger sa peine mais absolument pas. Elle la subit, la garde pour elle. Ce n'est même pas par honte, en partie parce qu'elle se cherche une excuse mais surtout parce qu'elle applique à la lettre ce qu'on pourrait qualifier de "dicton du roman". Je reprendrai, pour imager cela, deux phrases dites par Rainer (p. 471) : Elle "doit vivre avec la conscience de sa faute. Une autre forme très particulière de torture, subtile, mais latente". Ce sont ces quelques mots qui m'ont le plus marqué car ils décrivent parfaitement l'attitude d'Anna, qu'elle tiendra jusqu'au bout.
De plus, j'ai beaucoup aimé l'alternance 'passé/présent'. On balançait entre les deux histoires, attendant avec impatience qu'elles se rejoignent pour que la lumière se fasse pour Trudy, même si nous, lecteurs, avions déjà tout compris.
Ce livre est à lire. Je ne saurai même pas vraiment décrire ce que j'ai ressenti, je sais juste que j'ai profondément aimé, profondément compris & que cette histoire nous entraîne avec tant de légèreté dans une atmosphère si lourde de par les évènements qui y sont évoqués.
Un autre passage qui m'a particulièrement touchée, [SPOILER]c'est lorsque les américains sont arrivés & ont amené les Allemands encore présents à Weimar à la découverte des camps de concentration & qu'ils les ont obligés à enterrer les cadavres de leurs compatriotes / voisins / amis / familles. C'est très fort & représentatif. La découverte de l'horreur que furent ces camps. Passage très poignant qui restera encore longtemps agrippé à mon coeur.[/SPOILER]