L'Amant de Lady Chatterley par Aunbrey
Livre lu en VO.
Je trouve que Lady Chatterley's Lover est un roman très difficile à commenter. J'ai pour habitude de baser mon avis sur ce que je ressens lors de ma lecture et c'est là que ça coince avec ce roman-ci. C'est la première fois que je ne ressens strictement rien durant une lecture. Même quand je n'apprécie pas une oeuvre, il y a toujours une raison sous-jacente : un personnage m'a agacée, l'histoire était sans queue ni tête, j'avais l'impression que le tout traînait en longueur, etc. Mais dans Lady Chatterley's Lover, il n'y a rien. C'est le vide, le néant et je trouve ça particulièrement dérangeant.
Plus j'avançais dans ma lecture, moins j'y comprenais quelque chose, moins je voyais d'intérêt. Plus les chapitres passaient, moins je comprenais où l'auteur voulait en venir. Au début, cela ne m'inquiéta pas outre mesure, je me suis simplement dit que l'histoire allait devenir plus intéressante lorsque l'on entrerait dans le vif du sujet, mais les chapitres passaient et je ne comprenais toujours pas quel était le but de l'histoire, ni ce que l'auteur essayait de montrer et de faire transparaître et je suis arrivée à la fin du roman, j'ai refermé le livre et rien. J'ai compris l'histoire, j'ai compris ce qu'il s'est passé mais l'intérêt ne s'est jamais manifesté.
Le roman contient beaucoup de discours, de réflexions « intellectuelles » et de descriptions de théories qui ralentissent considérablement le bon déroulement de l'histoire. On s'empêtre dans des phrases qui, à la fin du paragraphe, n'ont pas de sens. Elles sont pourtant, je suis sûre, très intéressantes et révélatrices du point de vue de l'auteur sur son époque mais elles donnent également l'impression que le temps s'est arrêté pour ne jamais repartir et que piégé dans cet espace intemporel, on fût obligé lire encore et encore la même phrase sans réussir à en décrypter le sens. C'est très frustrant et fatigant aussi. On enchaîne les paragraphes qui ne laissent qu'une impression de vie persistant. J'ai vraiment eu la sensation que les grandes idées et les monologues internes/réflexions des personnages ne faisaient que brasser de l'air, il n'y avait rien de concret.
J'ai bien compris que ce livre était révolutionnaire et totalement nouveau pour l'époque, qu'il s'agissait d'un des premiers du genre. Après tout, l'un des thèmes principaux de ce roman est l'adultère et rien que d'y penser semblait déjà être un sacrilège en soi alors oser écrire qu'une femme puisse trouver l'épanouissement personnel et sexuel en dehors du mariage, l'idée était extraordinaire et audacieuse.
Un autre point développé par l'auteur au travers de Mellors est la critique qu'il fait de ce nouveau « style de vie ». L'ère industrielle détruit le vie traditionnelle, la campagne est défigurée par les industries, les gens de toutes conditions et rangs sociaux sont obsédés par l'argent et par le gain. De grands changements s'opèrent dans la société et ils ne sont pas au goût de tout le monde.
Pourtant, les paroles pleines de philosophie et de réflexion véhiculant ces idées se perdent entre deux pages. Les personnages ne sont pas assez charismatiques et énergiques pour les porter à bout de bras tout au long du roman. Aucun des personnages ne m'a réellement marquée, ils m'ont tous plus ou moins laissé perplexe et indécis quand à ce qu'ils sont et qui ils sont. Je n'ai pas réussi à déterminer leurs traits de caractère ni ce en quoi ils croient.
Lady Chatterley est une personne qui a besoin d'amour et de passion dans son couple sinon elle dépérit et finit par tomber malade mais je n'ai absolument pas ressenti de passion que ce soit dans ses ébats avec Mellors comme les conversations qu'il a avec elle. J'ai plutôt eu l'impression que Mellors ne s'intéressait pas vraiment à elle, que derrière ses bonnes intentions de « Je lui laisse le choix », il n'était, en fait, pas capable de prendre de réelle décision, ni d'éprouver de profonds sentiments à l'égard de Connie. Le personnage de Mellors (cela peut également s'appliquer à Sir Clifford) m'a semblé creux et faux, j'avais la sensation d'être face à une coquille vide.
Lady Chatterley donne l'impression de savoir ce qu'elle veut. Pour être heureuse, elle sait qu'elle a besoin de cette liaison qui lui importe ce que Clifford ne peut lui satisfaire mais d'un autre côté, dès qu'elle se retrouve en présence de Mellors, elle perd cette vitalité et son assurance, elle devient soumise et laisse l'homme faire ce qu'il veut. Ça m'a réellement surprise lors de ma lecture, j'ai cru avoir affaire à deux personnages différents. C'est comme si elle perdait de sa saveur, qu'elle devenait ennuyeuse et inconsistante.
En conclusion, bien que je ne garde pas un mauvais souvenir de ma lecture, je n'en ai pas un bon pour autant. Il me fut impossible de m'attacher ou même de m'agacer contre les personnages tellement ceux-ci me paraissaient dénués d'intérêt. Ils avaient tous un côté apathique et pauvre intérieurement, psychologiquement. L'auteur perd beaucoup de temps à développer une idée qui ne mène nulle part et ne marque pas le lecteur. Je suis déçue par cette lecture car même si je n'en attendais pas spécialement quelque chose, j'espérais définitivement autre chose.