J'ai lu Chinoises avec un sentiment d'universalité, et ça m'a encore plus retourné. Que le monde est laid, que les femmes sont courageuses de supporter tant d'horreurs, d'être L'Eau, qui s'infiltre et s'adapte au pire des terrains. Xinran l'auteure a animé pendant des années une émission de témoignages sur la radio chinoise, elle a pu recueillir grâce à son empathie les vies de centaines de Chinoises à l'orée du XXIème siècle. Les affres de la Révolution culturelle sont passées mais les stigmates sont encore bien présentes, les femmes ont souffert de la manière la plus atroce et malheureusement banale qui soit... C'est souvent très dur à lire, j'ai eu du mal à me figurer qu'on puisse endurer autant de sévices et de tourments sans perdre la raison.
Et puis ces témoignages glaçants s'entremêlent avec d'autres plus mélancoliques sur le statut de la femme en Chine, qu'elle soit paysanne dans un village reculée ou femme d'un haut cadre du Parti. Je n'avais aucune connaissance poussée sur l'histoire contemporaine de la Chine et je suis heureuse d'en découvrir un pan à travers le regard de femmes fortes, combatives, martyres.
L'habillage de Chinoises m'a moins plu, je l'ai trouvé parfois romancé à outrance ou manquant de sobriété quand ça l'exigeait (la carrière brillante de Xinran ne m'a pas transcendé, c'était même hors sujet à plein d'endroits), mais la somme des témoignages est précieuse... Les huit petites filles qui se partagent un seul habit à tour de rôle, en attendant avec impatience et bonhomie la jour où elles "portent les vêtements" me suivront longtemps je pense...