Chronique du soupir par Elrickh Petersson
Lilas, une naine flamboyante, a choisi, depuis la disparition de Frêne, son époux, de prendre sa retraite de Chef de la garde du palais de la Haute Fée pour ouvrir une auberge au bord de la mer, à l'endroit même ou Frêne s'est "ancré" pour l'éternité. Entourée de quelques amis et d'Errence, un elfe qui est aussi son amant, elle mène une existence un peu trop paisible à son goût.
Alors qu'elle s'interroge avec angoisse sur son devenir, son fils Saule, pourchassé par un groupe de miliciens au service de la Haute Fée, fait irruption dans l'auberge. Il serre dans ses bras une adolescente de 16 ans, Brune, qui est à l'agonie.
Après quelques heures d'hésitation, et bien que pressentant l'immense danger qui émane de façon indicible de la personnalité de Brune, Lilas décide de les protéger envers et contre tous.
Dire que je suis fan du travail de Mathieu Gaborit depuis des années est un euphémisme. Vous n’avez qu’à demander à mes amis si je ne les ais pas tous embêté au moins une fois avec ma passion pour cet auteur.
Discret depuis quelques années, Gaborit revient enfin en 2011 avec Chronique du Soupir, enfin un nouveau roman. Je l’ai acheté le jour de la sortie, mais la perplexité et la peur de la déception aidant, il m’a fallu quelques semaines pour entamer sa lecture. Je tiens à préciser d’emblée que les amateurs de fantasy lourdingue avec une sempiternelle communauté, un artefact à détruire ou un mec super fort avec sa hache, peuvent passer leur chemin. Nous avons une fois de plus à faire à une fantasy originale, sortant nettement des sentiers battus (comme on en trouve souvent avec les auteurs français comme Colin, Kloetzer, Damasio ou encore Jaworski).
Avant d’être un roman de fantasy, Chronique du Soupir, est avant tout un livre sur les sentiments, l’amour, les relations filiales et la vie tout simplement. L’auteur aborde donc des sujets profonds et plutôt rares dans le microcosme du fantastique. Ce qui va en rebuter certains, c’est que ces thématiques dominent l’histoire, bien plus que les éléments fantastiques ou les combats par exemple.
Mais rassurez vous, avec Chronique du Soupir, l’auteur conserve néanmoins les atouts que nous lui connaissons. A savoir, avant tout un talent d’écriture, une poésie et une imagination hors pair. La lecture de ce roman et un vrai plaisir grâce à une écriture ciselée et un vocabulaire riche et maîtrisé. De plus, on retrouve un côté « Abyme » dans Chronique du Soupir, avec la création d’un monde et d’un système de magie (les fées à la place du cœur et les Lignes-vie) très originaux et du coup très prenants et addictifs. Une fois de plus, nous n’avons qu’une envie, c’est d’en savoir plus sur cet univers et pourquoi pas même d’en faire partie. Mais je n’en dirais pas plus à vous de découvrir le monde des soupirs.
Au final, on peut penser que Chronique du Soupir est une ouverture vers la future orientation de Mathieu Gaborit, une fantasy adulte et exigeante, dans laquelle il faut s’abandonner sans finalement se poser trop de questions. Il perdra des lecteurs, c’est évident, du moins ceux qui ne seront pas capables d’oublier les règles qui régissent l’écriture d’un livre de fantasy.
Reste à espérer que ce roman trouve ses lecteurs, c’est tout le mal que je lui souhaite.