Chroniques de Ford County par Eric17
John Grisham est un auteur que j’ai découvert en lisant L’Affaire Pélican, la Firme ou encore Non coupable. La majorité de ses romans m’a plongé dans les arcanes du milieu judiciaire américain. J’ai pris énormément de plaisir à découvrir ces histoires au suspense certain. Mais cet écrivain est capable d’offrir également des ouvrages très différents tels que La dernière récolte, Le dernier match ou encore Pas de Noël cette année. Chroniques de Ford County appartiendrait c’est à cette dernière catégorie. Ecrit il y a environ quatre ans, ce bouquin est édité en poche chez Pocket. Son prix avoisine sept euros.
La quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Ford County, Mississippi. Loin des gratte-ciels new-yorkais, des paillettes californiennes, ici subsiste l’Amérique authentique. Avocats véreux, escrocs, voisins racistes, flambeurs, ratés, lubriques… De l’enfant malade au vieillard en maison de retraite, on arnaque tout ce qui bouge. De combines éhontées en plans foireux, voici le Sud profond en direct du bayou – où perce parfois, innocemment, un rayon de grâce… »
Ce bouquin est un recueil de nouvelles. Elles sont au nombre de sept et se déroule sur une cinquantaine de pages chacune. Le point commun à tous ces personnages et ces destins est le lieu où ils vivent. Grisham possède un attachement certain à cette région des Etats-Unis. Bon nombre de ses romans s’y déroulent. Ce découpage fait que l’ouvrage peut se lire à tout moment : dans le métro, sur la plage ou le soir au lit… Toutes les circonstances se prêtent à une immersion rapide dans cette Amérique du terroir rarement mis en avant.
J’ai toujours beaucoup pris de plaisir à me plonger dans cet univers-ci de l’Amérique. Que ce soit en littérature ou au cinéma, je trouve qu’il s’en dégage une atmosphère rude, moite et envoutante. Ce bouquin n’échappe pas à la règle. L’auteur a un vrai talent pour décrire les lieux. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer dans ce monde rural au milieu de ces fermes au milieu de nulle part. Ces petites villes renfermées sur elle-même dans lesquelles chacun espionne son voisin semblent parfaitement réelles au cours de notre lecture. Il faut y ajouter le puritanisme et l’extrémisme de la pensée sudiste et une moiteur prégnante pour finaliser un tableau plutôt réussi.
Les différentes nouvelles ne sont pas des copies l’une de l’autre. En effet, certaines se déroulent sur deux jours, d’autres sur plusieurs mois. On suit parfois la vie de personnages très différents. Cela peut être un malade incurable, un escroc, une famille ou encore un avocat. Malgré leur parcours très différents et une morale pour beaucoup très discutables, j’ai toujours ressenti de l’empathie à l’égard de chacun des personnages centraux. Grisham nous fait découvrir les événements à travers leur logique. Même quand il s’agit de magouilles, je me suis surpris à être moins choqué ou outré que la bienséance l’aurait voulu.
Le travail sur les personnages est bon. L’auteur distille les informations au fur et mesure des pages. Malgré le format de la nouvelle, Grisham prend son temps pour nous annoncer les tenants et les aboutissants des événements. J’ai apprécié de ne pas connaitre tout de suite les objectifs des héros. Certaines histoires se construisent essentiellement sur le développement d’une atmosphère, d’un lieu ou d’un ressenti. D’autres font naitre un réel suspense quant à la réussite de l’entreprise du personnage principal. Il est agréable de profiter de ses variétés de tons. Cela relance ainsi régulièrement notre curiosité.
L’écriture de Grisham est aisée à lire. Il s’agit de littérature qui peut se savourer à tout moment et qui ne nécessite pas un silence absolu et un esprit reposé pour en maitriser toutes les arcanes. Il ne faut y voir aucun jugement de valeur mais un constat. La variété des histoires a pour qualité de différencier les plaisirs. Le défaut qui en résulte hélas est que chaque nouvelle ne m’a pas intéressé avec la même intensité. J’ai regretté que l’atmosphère qui habite la lecture ne soit pas davantage envoutante et profonde. Aucun des chapitres n’arrive à faire cohabiter une ambiance forte à une intrigue passionnante. J’ai souvent eu le sentiment d’avoir eu l’un ou l’autre. Cela ne m’a pas empêché de prendre plaisir à ma lecture mais a fait naitre le sentiment frustrant que le bouquin aurait pu prendre une autre ampleur. Pour résumer, Chroniques de Ford County est un bouquin correct qui plaira aux adeptes de son auteur et qui conviendra aux lecteurs qui cherchent une lecture estivale agréable. Et ce n’est déjà pas si mal…
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres 2009