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Clara et la pénombre, Clara et la pénombre, Clara et la pénombre, etc. Suffisamment pour que la prochaine fois que vous franchirez la porte d'une librairie (indépendante, allons y franchement et idéologiquement), vous vous ruiez sur ce titre de Somoza qui nous coiffe, souffle, explose, retourne, de sa palette de sentiments tous aussi bétons les uns que les autres.


Clara et la pénombre est (après avoir lu l'Appât et La Dame n°13) le meilleur de la série que j'ai pu lire (pour le moment).


Somoza s'attaque ici à l'Art ou à la Peinture plus exactement. Il imagine une société dans laquelle les tableaux sont des êtres vivants ; vendus, torturés, peints, apprêtés, ratés, choquants, alternatifs, violents, ... Ce nouveau commerce humain au nom de l'Art fait fureur et de nombreux artistes règnent sur ce royaume.


Le plus célèbre est Bruno Van Tysch dont les "tableaux" se vendent pour plusieurs millions de dollars. Sa plus grande oeuvre est Défloration (une jeune adolescente de 14 ans, nue et qui doit rester toute la journée immobile, couverte de peinture et reluquée par des milliers de visiteurs). Cette toile humaine va se faire un jour déchirer (au sens propre du terme), pour le plus grand bonheur des lecteurs avides d'enquêtes psychologiques et morbides.


Car bien évidemment ce qui prime dans cette histoire, ce n'est pas qu'une fillette s'est fait découper comme un tableau, mais la destruction de l'Art, d'un tableau puissant qui "syndrome-stendahlise" les foules. Jusqu'où la folie peut-elle aller au nom de l'Art ? Somoza nous donne sa réponse et c'est goulûment qu'on accepte de s'en prendre plein la gueule.


Somoza pose les bases de sa littérature en s'arrêtant tour à tour sur des personnages clés de l'histoire : toiles vivantes, meubles vivants, enquêteurs travaillant pour la fondation, illuminés artistiques, ... Chaque chapitre se termine par un cliffhanger qui empêche complètement de refermer le bouquin et il prend un malin plaisir à reprendre l'histoire d'un personnage deux ou trois chapitres plus loin, juste histoire de nous tenir en haleine. Le fourbe.


Le tout sur fond de cette Europe qui a donné naissance aux grands courants artistiques (Hollande, Italie, ...).


Voilà, décrire un Somoza c'est forcément se perdre en essayant d'expliquer pourquoi ça nous a plu. Toujours est-il que ça plaît forcément. C'est fou à lier, c'est sombre et violent, ça donne des envies de dire oui à n'importe quel cours d'Histoire de l'Art, chiant au possible. Allez y franchement, et quitte à vous dépuceler de Somoza un jour, faites le avec celui-ci.

LouKnox
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le 3 juin 2020

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Lou Knox

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